La politique énergétique française depuis 50 ans dans l’opinion : une tension accrue entre développement des énergies renouvelables ou de l’énergie nucléaire
En décembre 1974, l’énergie nucléaire était identifiée par un Français sur deux (50%) comme l’énergie ayant le plus d’intérêt pour l’avenir de la France. Une proportion bien supérieure à l’ensemble des autres énergies, qui peinaient alors à rivaliser au sein de l’opinion (20% mentionnaient une énergie renouvelable et 19% une énergie fossile) . Mais à l’heure de la montée de la défiance envers l’énergie nucléaire à l’échelle nationale/ européenne (des critiques amplifiées notamment par l’incident de Fukushima en 2011) et des préoccupations environnementales au sein de l’espace public, les grandes orientations en matière de politique énergétique française divisent davantage aujourd’hui.
De fait, un tiers des Français seulement identifient aujourd’hui l’énergie nucléaire comme stratégique pour l’avenir de la France (32%). Une forte baisse (-18pts en cinquante ans ) qui inverse la tendance au profit des énergies renouvelables (46% citent une énergie renouvelable ; +26 pts vs 1974 !), et tout particulièrement de l’énergie solaire (29% ; +17pts). Un écart important se creuse néanmoins entre l’énergie solaire et les autres énergies renouvelables, citées individuellement par moins d’un interviewé sur dix : 7% pour l’énergie géothermique (+6 pts vs 1974), 6% l’énergie éolienne (+5 pts), 3% l’énergie hydraulique (-1 pt) et 1% l’énergie marémotrice (-1 pt).
Dans ce contexte, le clivage à l’égard de l’orientation à prendre en matière de politique énergétique est particulièrement marqué. La moitié des répondants souhaitent aujourd’hui que la France poursuive sa transition énergétique en privilégiant les énergies renouvelables (51%) aux dépends, donc, de l’énergie nucléaire (25% souhaitent que l’énergie nucléaire soit privilégiée). Un autre quart préfère que l’équilibre actuel soit conservé (soit une production énergétique provenant à 67% de centrales nucléaires et 27% de moyens de productions renouvelables).
Ces résultats d’ensemble cachent toutefois des réalités bien distinctes en fonction des segments de population. Si les femmes, les moins de 35 ans souhaitent pour une nette majorité d’entre eux que les énergies renouvelables soient privilégiées en France, quand les hommes et les 65 ans ou plus sont de leur côté, plus divisés. De telle sorte que ces derniers voient toujours le nucléaire comme la première énergie d’avenir (respectivement 48% et 45%), quand les femmes et les plus jeunes placent leur espoir dans le renouvelable avant tout.
Des énergies fossiles « hors-jeu » ?
En février 2025, les énergies fossiles ne sont pas perçues comme des énergies ayant un intérêt pour l’avenir de la France (6% citent une énergie fossile). Ressources en voie d’épuisement, à l’exploitation particulièrement polluante et sous le feu des critiques d’une part croissante de Français, le gaz naturel, le pétrole et le charbon sont peu plébiscités (respectivement 4%, 1% et 1% de citations). Par comparaison à 1974, c’est l’intérêt tout particulièrement pour le pétrole qui chute (-12 pts).
En outre, les énergies fossiles souffrent d’une image dégradée en matière de gouvernance énergétique : 59% des répondants déclarent qu’ils n’ont pas confiance dans le pétrole pour assurer l’indépendance énergétique de la France (dont 29% « pas du tout confiance ») et 68% dans le charbon (dont 43% « pas du tout confiance » !). Inversement, les Français expriment principalement leur confiance sur le sujet à l’égard de l’énergie solaire (79% ; dont 28% « tout à fait confiance »), l’énergie hydraulique (71%, dont 20% « tout à fait confiance ») et dans une moindre mesure à l’égard de l’énergie nucléaire (65%, dont 23% « tout à fait confiance »).