Les principaux enseignements de l’enquête
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Étude IFOP : La société américaine à l’heure des élections midterms (partir-a-new-york.com)
A – L’impopularité actuelle de Joe Biden pèse sur les chances de victoire des candidats démocrates
1 – Alors que les quatre dernières « midterms » ont toutes été défavorables au camp du président à la Chambre des représentants, le scrutin du 8 novembre arrive dans un contexte où l’impopularité de Joe Biden ne peut que plomber les chances des candidats démocrates : à peine 41% des électeurs américains approuvent la façon dont il gère ses fonctions de président, soit nettement en deçà du taux de popularité du dernier président (George W. Bush) ayant réussi l’exploit de gagner les « midterms » (68% en octobre 2002 selon Gallup). Avec 50% de mauvaises opinions, le locataire actuel de la Maison-Blanche affiche la même impopularité que ses prédécesseurs au milieu de leur premier mandat (Donald Trump à 52% en 2018, Barack Obama à 48% en 2010), impopularité qui leur avait valu de perdre leur majorité à la Chambre (- 63 sièges pour Barack Obama en 2010, – 42 sièges pour Donald Trump en 2018).
2 – Dans ce contexte de défiance envers le président démocrate, peu d’Américains souhaitent que « Joe Biden se présente à sa succession à la fin de son mandat en 2024 ». En effet, à peine un tiers d’entre eux (33%) le soutiennent dans l’intention qu’il a exprimée récemment dans une interview accordée aux journalistes de MSNBC. Et le plus préoccupant pour lui est que cette perspective est loin de susciter l’enthousiasme dans son propre camp : à peine plus d’un sympathisant démocrate sur deux (56%) souhaitent qu’il se représente en 2024.
3 – Quant à l’hypothèse Kamala Harris, évoquée au temps où elle concentrait beaucoup d’espoirs, elle apparaît désormais totalement dépassée… A peine trois Américains sur dix (31%) souhaitent aujourd’hui que « Joe Biden se retire avant la fin de son mandat au profit de sa vice-présidente Kamala Harris ». Mais dans la mesure où Kamala Harris est l’un des vice-présidents les plus impopulaires de l’histoire des États-Unis, ces résultats semblent moins un signe de confiance envers le président que le reflet de défiance des électeurs envers une femme qui a échoué à se bâtir une stature politique depuis son accession à la vice-présidence.
B – Joe Biden souffre de l’ombre de ses prédécesseurs, et tout particulièrement de celle de Donald Trump
4 – L’ancien sénateur du Delaware souffre cruellement de la comparaison avec ces deux prédécesseurs républicains et démocrates si l’on en juge par la très faible proportion d’Américains estimant que Joe Biden est le président des quarante dernières années qui a le meilleur bilan après deux ans de mandat : à peine 12%, soit deux fois moins que Barack Obama (27%) ou Donald Trump (25%). Il est même devancé par Ronald Reagan (18%) et fait jeu égal avec Bill Clinton (10%) qui, il faut le rappeler, avait essuyé une cuisante défaite aux midterms de 1994 (- 54 sièges).
5 – Et le locataire actuel de la Maison-Blanche pâtit tout particulièrement de la comparaison avec Donald Trump. En effet, à l’heure où les prix du carburant (autour de 4 dollars le gallon) s’imposent comme le thème numéro un du scrutin, une majorité d’Américains (59%) estime qu’il gère moins bien l’inflation que ce qu’aurait pu faire Donald Trump. De même, dans un contexte marqué par l’explosion du nombre d’immigrants illégaux interceptés à la frontière sud (+ 1 million par rapport à l’an dernier), 51% considèrent qu’il gère moins bien les problèmes migratoires en provenance du Mexique que ce qu’aurait pu faire le défenseur du « beau grand mur ».
6 – Un des facteurs structurels de cette impopularité tient sans doute au fait que l’ancien sénateur du Delaware souffre toujours d’un fort déficit de légitimité au regard des conditions de son élection en 2020 : un tiers des personnes interrogées (33%) – et jusqu’à 67% des électeurs Trump de l’élection présidentielle – estiment que Donal Trump est le véritable vainqueur de l’élection de 2020. Et cette proportion est loin de décroître si on la compare à une mesure du Pew Research Center faite en juin 2021 (32%).
C – Les midterms, un scrutin qui suscite un intérêt mesuré tout en dominé par des thématiques plutôt favorables aux républicains.
7 – L’issue du scrutin des midterms s’avère d’autant plus compliquée pour le président qu’elle ne suscite pas pour l’heure autant d’intérêt que celle de 2018 : 58% seulement des Américains jugent très important de savoir quel parti remportera le contrôle du Congrès, soit 4 points de moins qu’en août 2018 (62% selon Pew Research Center). En l’état, Joe Biden ne semble pas bénéficier de la même vague de mobilisation électorale (53,4%, soit un taux exceptionnel pour une élection de mi-mandat) qui avait fait perdre à Donal Trump sa majorité à la Chambre en 2018.
8 – Mais ce qui rend les prévisions électorales favorables aux républicains (cf midterms : quelle sera l’ampleur de la sanction pour Joe Biden ? ) encore plus crédibles aux yeux de l’Ifop tient au fait que les enjeux du scrutin sont aujourd’hui dominés par des thématiques défavorables aux démocrates comme l’économie, l’immigration ou l’insécurité. En effet, alors que l’inflation explose (8% depuis le début janvier), l’économie arrive en tête des déterminants du vote (81%, +4 points depuis août 2022), devant la criminalité (66%, +6 points depuis août 2022) et la santé (65%, +5 points) ; l’immigration s’élevant quant à elle dans le top 5 des déterminants du vote (52%, +4 points).
9 – Enfin, au-delà des effets d’une conjoncture marquée par la crise migratoire à la frontière sud, le scrutin active-t-il politiquement la fracture entre “les anywhere”, élite intégrée, mobile et ouverte, et les “somewhere”, ces Américains plus ancrés dans leur identité, leurs valeurs et leur territoire ? Disons que cette fracture n’est pas
exacerbée sur ces sujets mais que le rapport au monde des Américains est bien à la source clivages politiques si l’on juge la proportion de sympathisants démocrates se disant « citoyen du monde » (80%, contre 59% des sympathisants républicains) ou ayant déjà voyagé à l’étranger (68% des électeurs démocrates de 2020, contre 57% des électeurs Trump). A l’inverse, les sympathisants républicains apprécient beaucoup moins la présence de touristes étrangers dans leur pays que les démocrates, en particulier les Mexicains et les Cubains mais aussi les Français.