A quelques semaines des élections européennes du mai 2019, Alliance Vita a souhaité connaitre l’opinion des Français et des Allemands sur les grands enjeux démographiques. Cette enquête révèle des conceptions convergentes quant aux solutions à apporter au vieillissement des populations, mais divergentes sur les questions liées à la natalité.
Face à la problématique de l’isolement des personnes âgées, les Français et les Allemands retiennent la même hiérarchie entre les solutions proposées dans l’enquête en privilégiant largement des logiques de solidarité (plus de 50% des citations pour « développer des modes d’accompagnement de la dépendance » et « valoriser la solidarité entre les générations »), à des logiques d’ajustement des équilibres démographiques (moins de 30% des citations pour « accroître le recours à l’euthanasie pour les personnes âgées qui le demandent » ; moins de 20% pour « favoriser la venue de populations extra-européennes plus jeunes » et « encourager la natalité »).
Si le rapport des Français et des Allemands au vieillissement de la population est assez proche malgré quelques nuances, leurs regards respectifs sur les enjeux liés à la natalité sont en revanche très différents. Les Français retiennent ainsi à égalité « les conditions de vie difficiles pour les familles » (52% des citations) et « la peur de l’avenir » (52%) comme les principales raisons expliquant le décalage entre le désir d’enfant et les naissances effectives. Si les Allemands mettent également « les conditions de vie difficiles pour les familles » en haut de classement (46%), c’est cette fois-ci à égalité avec « la faiblesse des politiques familiales, l’insuffisance des aides accordées aux familles avec enfants » (46% contre 16% seulement en France).
On observe enfin que, malgré des situations économiques et sociales très différentes (3,2% de chômage en Allemagne, 8,8% en France), Français et Allemands partagent un regard pessimiste sur la construction européenne, décrite comme « trop économique et financière et pas assez humaine et sociale » (78% d’accord en France, 71% en Allemagne), même si les Allemands expriment ce jugement avec un peu moins d’intensité (30% tout à fait d’accord contre 39% en France). Par-delà ce consensus, il est intéressant de constater néanmoins des nuances selon les catégories de population : alors qu’en France les plus jeunes sont aussi critiques que leurs aînés (76% pour les moins de 35 ans contre 79% pour les plus de 35 ans), le clivage générationnel est un peu plus marqué en Allemagne (65% pour les moins de 35 ans contre 73% pour les plus de 35 ans). Inversement sur le plan politique, la France est plus clivée (86% à gauche contre 77% à droite), que l’Allemagne (77% à gauche contre 72% à droite).