L’étude de l’Ifop pour La Croix, réalisée dans dix pays à l’occasion de l’ouverture du sommet de Davos, livre plusieurs enseignements majeurs :
– Une adhésion au capitalisme et à l’économie de marché : si les Français et les Italiens estiment majoritairement que le capitalisme est un « système qui fonctionne plutôt mal mais qu’il faut conserver » (52% dans les deux pays), faute d’alternative, les autres populations interrogées pensent principalement que ce système fonctionne plutôt bien, les deux tiers des Chinois partageant même cette opinion (65%). La France se distingue comme le pays où le rejet du capitalisme est le plus élevé (33% disent que c’est un système qui fonctionne mal et qu’il faut l’abandonner).
– En Europe, seuls les Allemands perçoivent une amélioration progressive de la situation économique (42%), les autres pays, et notamment la France, estimant au contraire que nous sommes encore en pleine crise ou que la situation reste préoccupante. A ce sujet, aucune des dix populations interrogées ne pense être sortie totalement de la crise.
– En dépit d’une adhésion plus ou moins enthousiaste au modèle dominant, la probabilité d’une nouvelle crise économique et financière dans les prochaines années est une menace très largement partagée par les dix pays, les plus pessimistes étant les Français (91% partagent cette crainte), et les Hollandais se montrant les moins inquiets à cet égard (66% tout de même).
– Exception faite des Etats-Unis, toutes les populations voient majoritairement le développement des échanges commerciaux internationaux comme une bonne chose pour leurs pays. Notons que la France (53% « seulement ») et l’Allemagne (50%) sont moins enthousiastes à cet égard que les Chinois (90%) et les Brésiliens (76%), deux pays émergents dont les exportations ont beaucoup progressé ces dernières années.
– Plus des trois quarts des Australiens (79%) et des Allemands (77%) s’estiment bien placés dans la compétition économique mondiale, les Français portant un regard beaucoup plus sévère sur la place de leur pays (34%, -14 points en quatre ans), le décalage France-Allemagne sur cette question étant l’un des enseignements majeurs de cette étude.
– Une majorité de Français (57%) et d’Américains (55%), nations apparaissant au fil de l’étude comme très affectées par la crise et tentées par l’isolationnisme, voient le développement de nouvelles économies (Chine, Brésil, Inde) comme une menace pour leurs entreprises et leur économie en général. Les Allemands portent un regard plus partagé sur les opportunités et les menaces de ce développement.
– Enfin, 92% des Français verraient d’un bon œil que les entreprises qui délocalisent soient obligées de rembourser les aides publiques qu’elles ont touché (87% en Allemagne), et 90% souhaitent taxer les produits qui ne respectent pas les conditions minimales de dignité des salariés ou qui pratiquent le dumping social, environnemental ou fiscal. Enfin, 70% des Français interrogés sont favorables à une lutte organisée contre les OPA lancées par des entreprises étrangères à l’encontre des entreprises françaises.
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