En France comme en Allemagne, malgré des traditions différentes en matière de laïcité et d’intégration des communautés immigrées, la question de la visibilité accrue de l’Islam agite le débat public. L’enquête Ifop/Le Monde réalisée du 3 au 9 décembre met en lumière un constat d’échec partagé en ce qui concerne l’intégration de la communauté musulmane : 68% des Français et même 75% des Allemands estiment ainsi que l’intégration des personnes d’origine musulmane n’est pas réalisée, ces scores faisant écho aux propos de Mme Merkel et M Sarkozy sur l’échec de l’intégration et du modèle « multikulti ». Les jugements sont d’autant plus sévères que l’explication principale avancée à cet état de fait serait le refus de ces populations de s’intégrer à la société (61% en France et 67% en Allemagne). Pour les Français comme les Allemands, les trop fortes différences culturelles (40% et 34%) ainsi que les conséquences de la ségrégation géographique (37% et 32%) participent également mais dans une moindre mesure à ce déficit d’intégration. Autre enseignement majeur de cette enquête, au-delà du registre de la menace économique qui dominait dans l’opinion lors des précédentes vagues d’immigration d’après-guerre, la question culturelle et identitaire vient se surajouter puisque, dans les deux pays, les interviewés sont deux fois plus nombreux (42% en France et 40% en Allemagne) à juger la présence de la communauté musulmane comme une menace pour l’identité de leur pays plutôt que comme un facteur d’enrichissement (22% en France et 24% en Allemagne).
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