A quatre ans de la présidentielle, Ifop-fiducial a interrogé les Français concernant leur regard sur le Rassemblement national (vague 4).
D’une part, nous constatons que le vote RN est aujourd’hui devenu massif : plus de quatre Français sur dix (42%) ont déjà voté pour une liste ou un candidat RN à l’occasion d’un scrutin, quel qu’il soit, (et 29 % « plusieurs fois »). Nous constatons une nette hausse du vote déclaré RN : entre 2017 et 2023, il a grimpé de 30 à 42% !
Il n’y a quasiment plus de catégories de population hermétiques au vote RN. Ainsi, le vote « lepéniste » est très présent parmi les classes populaires (57 % des ouvriers, 50 % des employés, 45 % des chômeurs, et entre 45 % et 51 % dans les catégories modestes ou pauvres). Il s’affirme de plus en plus dans de nouveaux segments de la population : 46 % des 25-34 ans, 47 % des 50-64 ans et 49 % des salariés du privé ont voté au moins une fois pour le RN, et aucune différence n’émerge entre les hommes et les femmes. Ce vote longtemps cantonné à la dimension protestataire devient un vote d’adhésion : 39 % (contre 35 % en 2021) des électeurs RN ont opté pour lui « par adhésion ».
D’autre part, le RN est en passe de gagner la bataille culturelle. Sur de nombreux points, les différences de points de vue entre l’ensemble des Français et les électeurs RN sont marginales, notamment sur le déclin de la France (77% contre 92% chez ceux du RN), ou encore sur l’insécurité culturelle ou la perte de souveraineté. Les marqueurs spécifiques du vote frontiste demeurent sur l’Europe, sur l’immigration (seulement 31 % que « la France doit maintenir sa tradition d’accueil des réfugiés » contre 49 % chez l’ensemble des Français) et… le rétablissement de la peine de mort (69 % pensent qu’« il faut rétablir la peine de mort en France » contre 50%).
Le Rassemblement national se lisse mais apparait toujours clivant… Ainsi, près d’un Français sur deux pense qu’il est « honnête » (45 %), « capable de gouverner la France » (47 %), « proche des préoccupations des gens » (50 %) et « capable de réformer le pays » (51 %). Ces gains en crédibilité politique coexistent cependant avec les stigmates d’un parti toujours sulfureux et infréquentable : 70% des Français estiment que le Rassemblement national est un parti d’extrême droite, 59% considèrent qu’il est « raciste », et 55% qu’il « est dangereux pour la démocratie ». Notons néanmoins qu’en comparaison avec le parti de Jean-Luc Mélenchon : les sondés tiennent le RN pour moins « dangereux pour la démocratie » (21 %) que LFI (26 %), et pour davantage « capable de gouverner la France » (30 % contre 13 %).
Enfin, dans l’enquête de 2021, Marine Le Pen apparaissait presque comme un handicap pour son parti. C’est désormais inversé ! 41% (contre 34% en 2021) souhaitent la voir remporter l’élection présidentielle (47% chez les salariés), un niveau jamais atteint. Le pronostic quant à sa victoire en 2027 est partagé par quasiment la même part de Français et par une majorité de sympathisants RN (73%).