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Quand le père Noël est une femme… La charge mentale et les tensions conjugales liées aux préparatifs de Noël

Alors que Noël nécessite souvent une longue – et parfois périlleuse – organisation, l’Ifop et le site Voyage avec Nous ont souhaité savoir si les différentes tâches liées à la préparation des fêtes de Noël sont réparties équitablement entre les sexes. Réalisée auprès d’un échantillon de 1 500 Français(es), dont 1001 personnes actuellement en couple, cette étude montre une nette continuité dans l’inégale distribution des tâches domestiques ou parentales au détriment des femmes, et ceci alors même que leurs conjoints sont censés être plus disponibles durant cette période de l’année synonyme de congés pour beaucoup. Ainsi, deux femmes (hétérosexuelles) en couple sur trois disent en faire plus que leur partenaire dans l’organisation des repas et fêtes liées à Noël, durant lesquelles elles devraient, comme dans la majorité des éléments de l’organisation du ménage, assumer souvent l’essentiel des préparatifs. Les fêtes de Noël, qu’il s’agisse de leur préparation ou de leur déroulement, n’échappent donc pas au privilège de genre qui veut que les hommes en fassent globalement moins que les femmes dans la plupart des tâches liées l’organisation des festivités.

 

 

LES CHIFFRES CLES DE L’ETUDE

1 – De manière générale, la division des tâches et des rôles entre hommes et femmes dans la préparation du réveillon continue à présenter des traits inégalitaires si l’on en juge par la proportion de Françaises qui déclarent en faire « plus » que leur conjoint dans l’organisation du repas/fêtes de Noël : 62%, contre 31% qui disent en faire « à peu près autant » et seulement 7% qui se prévalent d’en faire « moins » que lui.

2 – Même à Noël, l’activité culinaire reste inlassablement une affaire de femmes… En effet, la préparation du plat principal incombe encore très majoritairement aux femmes : les deux tiers (63%) déclarent que ce sont elles qui s’en sont occupé au dernier réveillon, contre 23% pour qui sa prise en charge était égalitaire entre les deux membres du couple et à peine 10% qui déclarent c’est leur conjoint qui en fait le plus.

3 – Fruit d’une socialisation de genre qui favorise l’assignation des femmes à la sphère domestique, cette inégale répartition des tâches transparaît dans tout ce qui peut relever de l’élaboration des repas (dessert, courses alimentaires…) et surtout de la « bonne tenue » intérieure d’un foyer : 76% déclarent que ce sont elles qui gèrent la décoration de la table, et 57% la décoration du sapin.

4 – Les hommes prennent en revanche plus leur part dans des tâches souvent socialement plus valorisées car elles impliquent soit une certaine « expertise « (40% d’entre eux prennent en charge le choix des alcools, contre 24% des femmes) ou de la force physique comme porter le sapin (35%) ou ouvrir les fruits de mer et les crustacés (54%).

5 – Or, ce partage inégalitaire des tâches liées à l’organisation des festivités n’est pas sans effets en termes de « charge mentale ». Certes, pour une majorité des couples, Noël est d’avantage une source plaisir que de stress. Mais force est de constater que fêter Noël est une source de stress plus important pour les femmes (30%) que pour les hommes (21%) quand cela implique de recevoir des proches à son domicile

 

– A – La charge mentale des femmes pour les fêtes de Noël

1 – LA RÉPARTITION GENRÉE DES TÂCHES LIÉES AUX FÊTES DE FIN D’ANNÉE

 

Dans le cadre de l’organisation d’un repas ou fête de Noël, 62% des femmes hétérosexuelles en couple déclarent en faire plus que leur conjoint, contre 22% des hommes. Elles sont même 37% à affirmer en faire « beaucoup plus ». Ce chiffre, avec un décalage flagrant selon le genre, n’est que le signe de la répartition non équitable du travail domestique entre les genres, qui se matérialise également dans cette période de l’année, comme dans l’organisation des vacances. Les femmes demeurent les victimes de mécanismes systémiquement établis dans lequel elles ont une fonction de gestionnaire du foyer.

 

 

2 – LA RÉPARTITION DÉTAILLÉE DES TÂCHES LIÉES AUX FÊTES

 

En observant le détail des tâches liées à la fête de Noël, il apparait que si une majorité est le plus souvent gérée par les femmes, trois demeurent l’apanage des hommes, mais pas n’importe lesquelles. Ainsi, 46% s’occupent le plus souvent de porter le sapin pour l’installer ou le désinstaller (tâche perçue comme nécessitant de la force), 49% d’ouvrir les fruits de mer et crustacés (tâche ayant besoin d’un savoir-faire physique) et enfin 55% de choisir les boissons (faculté perçue comme exigeant une expertise très estimée). Dans les trois situations, il s’agit de tâches « physiques » ou estimées socialement comme de haute technicité. Au contraire, les femmes gèrent le plus souvent des besognes de l’ombre (choisir le repas, 41%) ou demandant beaucoup de temps (faire les courses alimentaires, 45%).

 

– B – Les tensions conjugales liées aux fêtes de Noël en famille

3 – FAMILLE OU BELLE-FAMILLE ? L’EXPÉRIENCE DE DISPUTES SUR L’ORGANISATION DE FÊTES DE NOËL

 

Les fêtes de Noël, comme l’arrivée d’un premier enfant dans un couple, s’avèrent souvent être des sources de tensions pour les Français. Ainsi, 63% de celles et ceux qui ont déjà participé à une fête de Noël en couple confessent s’être disputés pour au moins une raison avec leur conjoint(e). Il peut s’agir d’un conflit sur le nombre ou la valeur des cadeaux à offrir à leurs proches (46%), chez qui doit se tenir le repas (40%) ou bien encore sur les invités au repas (39%). Ces disputes d’ordre organisationnel sont donc loin d’être anodines. L’esprit de Noël ne se semble pas en mesure d’apaiser toutes les mœurs… et touchent particulièrement les personnes « très stressés » par Noël (83%).

 

4 – L’ENFER, C’EST LES AUTRES… L’EXPÉRIENCE DE TENSIONS FAMILIALES LORS DES FÊTES DE NOËL

Comme le montre cette étude, Noël n’est pas que joie et bonne humeur. C’est également une période où de fortes tensions peuvent apparaître : 73% des Français l’ont expérimenté. Une fois n’est pas coutume, les différentes formes de tensions ne sont pas réparties au hasard. Ainsi, se retenir de dire ce qu’ils ou elles pensaient a été vécu par 64% des hommes et 67% des femmes, alors que de se disputer avec des convives est une expérience vécue par 39% des hommes et 31% des femmes. Cette série de données nous indique que les femmes, socialisées à rester plus en retrait, ont plus tendance à se retenir d’exprimer des sentiments négatifs, alors que les hommes, socialisés à affirmer leurs pensées, vont plus souvent aller dans un affrontement direct avec quelqu’un avec qui ils sont en désaccord. Les femmes doivent plus se cacher, alors que les hommes quant à eux doivent plus affirmer leur puissance quitte à amener des situations conflictuelles.

 

– C – L’organisation des fêtes de Noël

5 – L’INTENTION DE SE DÉPLACER POUR LES FÊTES DE NOËL

 

Pour cette nouvelle édition de Noël, les Français seront nombreux à participer à un repas festif. 52% se rendront chez des membres de leur famille, 50% chez eux avec des proches et 30% des gens en couple chez leur belle-famille. Celles et ceux faisant partie de la dernière catégorie sont notamment les plus jeunes (56% des 18-24 ans), les Franciliens (43%) ou bien encore les personnes avec des enfants (49%).

 

6 – LE STRESS GÉNÉRÉ PAR LA PRÉPARATION DES FÊTES DE NOËL

Au-delà des – nombreuses – sources de tensions qui peuvent émaner des fêtes de Noël, une part non négligeable des Français déclare se sentir stressée à l’idée de fêter Noël. Ce stress peut se manifester quand la fête à lieu à leur domicile avec des proches (26%), chez des membres de leur belle-famille (22%), ou chez des membres de leur propre famille (21%). Une fois encore, la structure du stress (assumé) est inégalitaire. Ainsi, dans la dernière situation, 26% des femmes affirment ressentir du stress, contre 16% des hommes.

Thomas Pierre, chargé d’études au pôle Politique/Actualités de l’Ifop.

 

 

Le point de vue de François Kraus, directeur du pôle Politique/Actualités de l’Ifop.

Quand bien même on pourrait attendre des hommes un plus fort investissement dans les tâches liées au foyer durant cette période généralement propice au repos, cette étude montre que Noël n’échappe pas au privilège de genre : les femmes, conditionnées à un attachement plus important à l’entretien du foyer et à la réception des convives, en font plus que leurs conjoints dans la préparation du réveillon. Ces derniers s’occupent pour leur part de tâches soit liées à la force physique – porter le sapin ou ouvrir les fruits de mer, soit à une « expertise » comme le choix des alcools. Cette inégale répartition est, comme dans bien d’autres domaines de vie conjugale et familiale, source de tensions et de disputes au sein des couples. Il est toutefois intéressant de noter que les jeunes femmes résistent plus fortement à ces stéréotypes tandis que les jeunes hommes s’investissent plus que leurs aînés. Enfin, même si cela ne rétablit pas l’équilibre, les hommes en font toutefois plus dans la préparation des repas de fêtes qu’au quotidien, sans doute parce que le couple étant lorsqu’il reçoit dans une logique de présentation de soi vis-à-vis de regards extérieurs.

 

Document à télécharger

Les résultats

Méthodologie de recueil

L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1 500 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, dont 1001 personnes actuellement en couple.
La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession et statut marital de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d'agglomération.
Les interviews ont été réalisées par questionnaire autoadministré en ligne du 12 au 14 décembre 2022

Vos interlocuteurs

François Kraus Directeur du pôle Politique / Actualités - Opinion & Stratégies d'Entreprises

Louise Jussian Cheffe de groupe - Département Opinion & Stratégies d'Entreprise

Thomas Pierre Chargé d'études - Département Opinion & Stratégies d'Entreprise

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Méthodologie de recueil

L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1 500 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, dont 1001 personnes actuellement en couple.
La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession et statut marital de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d'agglomération.
Les interviews ont été réalisées par questionnaire autoadministré en ligne du 12 au 14 décembre 2022

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