Réalisée le jour du vote auprès d’un échantillon de 3 784 personnes inscrites sur les listes électorales, cette étude réalisée par l’Ifop et Fiducial pour TF1 et LCI donne des indications précieuses sur le profil des différents électorats ainsi que sur l’analyse du vote.
L’élection présidentielle de 2022 sera celle de la « revanche » de 2017. Emmanuel Macron et Marine Le Pen se disputeront à nouveau l’investiture présidentielle au second tour du scrutin le 24 avril prochain… dans un contexte toutefois radicalement différent.
Conformément à ce qu’indiquait la dernière enquête d’intention de vote de l’Ifop, les Français ont décidé aujourd’hui du « match retour » de 2017, en plaçant Emmanuel Macron et Marine Le Pen en tête du premier tour avec respectivement 28,3% et 23,3% des voix1.
Sanctionnant un quinquennat marqué par de multiples crises à la fois sociales, politiques et internationales, le président sortant Emmanuel Macron surpasse son score de 2017 de 3,5 points en réussissant à se hisser en tête en rassemblant les trois quarts de son électorat de 2017 (73%). Il affrontera donc de nouveau au second tour Marine Le Pen, qui réussit l’exploit – malgré l’apparition pour la première fois d’une offre concurrente à sa droite – de rassembler 72% de son électorat de 2017 et d’être le recours de la droite pour cette élection présidentielle. En effet, que ce soit Valérie Pécresse (4,8%) ou Eric Zemmour (7,1%), aucun ne réussit à dépasser le seuil symbolique des 10% de suffrages exprimés.
Pour sa troisième – et ultime – candidature, Jean-Luc Mélenchon s’offre pour la première fois la place du « troisième homme » avec 22% des suffrages. Profitant d’une dynamique remarquée de campagne, le candidat de la France Insoumise incarne le « vote utile » à gauche en récupérant 70% de son électorat de 2017 et plus d’un tiers de celui de Benoit Hamon (34%). Réputées aphones (rassemblant 32% de l’électorat seulement), « les gauches » se sont tournées vers Jean-Luc Mélenchon pour tenter d’exister au second tour, asséchant par-là les autres candidatures représentées par Yannick Jadot (4,6%), Fabien Roussel (2,3%) et Anne Hidalgo (1,7%).
Les autres candidats arrivent ensuite à un niveau très en-dessous. Nathalie Arthaud (0,6%) et Philippe Poutou (0,8%) témoignent encore une fois de leur présence mais avec moins de 1% des suffrages. A droite, Nicolas Dupont-Aignan, pénalisé par l’encombrement de l’offre électorale, n’obtient que 2,1% des voix (contre 4,7% en 2017) et Jean Lassalle progresse de 2 points en 5 ans pour atteindre 3,2%.
La mobilisation de dernière minute des Français permet d’éviter une « extinction de vote » historique. Les chiffres de ce dimanche 10 avril témoignent d’une abstention forte (25,1%) mais qui permet d’éviter le record historique de 2002.
Malgré les pronostics émis durant une campagne marquée par le désintérêt d’un électeur sur deux (48%, en hausse de 20 points par rapport à 2017), près de trois quarts des électeurs (73,9%) se sont rendus aux urnes au premier tour, soit un niveau de participation sensiblement inférieur au scrutin de 2017 (77,8%) mais supérieur de plus de 2,3 points au plancher historique du 21 avril 2002 (71,6%). Dans le détail, les catégories qui se sont le moins mobilisées lors de cette élection présidentielle sont les plus traditionnellement portées sur l’abstention, à savoir les jeunes (41% des jeunes de 18 à 24 ans ne sont pas allés voter ce dimanche, contre seulement 22% chez les 65 ans et plus) et les populations plus défavorisées ou précaires (26% des employés et ouvriers).
Les Français ont voté avec leur portemonnaie et leur santé, ils en font les deux enjeux principaux de la campagne présidentielle de 2022
Mis sous projecteur par la crise sanitaire et la hausse des prix, la santé (71%, +9 points par rapport à 2017) et le relèvement des salaires et du pouvoir d’achat (68%, +8 points) ont été les deux enjeux déterminants dans le vote des Français, loin devant la sécurité (60%) et l’éducation (59%).
Les bilans d’Emmanuel Macron face au COVID et face à la gestion de la hausse des prix auront joué un rôle dans le vote de plus d’un électeur sur deux : 56% pour le premier et 51% pour le second, et pour respectivement 35% et 38% d’entre eux, ces bilans auront incité à voter contre le président sortant, sans toutefois lui barrer la route du second tour.
Paul Cébille