A l’occasion de l’anniversaire de l’éclatement de l’affaire Weinstein (5 octobre 2017) et de la libération de la parole qu’elle a entraînée dans tous les secteurs d’activité, la Fondation Jean-Jaurès et la Fondation européenne d’études progressistes (FEPS) ont commandé à l’Ifop une grande enquête permettant de mesurer l’ampleur des violences sexistes ou sexuelles subies par les Européennes sur leur lieu de travail. Comblant un manque de données fiables ou récentes sur le sujet – la dernière étude européenne réalisée sur le sujet remontant à 2012 –, cette enquête menée dans les cinq plus grands pays de l’Union Européenne (France, Allemagne, Espagne, Italie, Royaume-Uni) permet de quantifier les agressions à caractère sexiste ou sexuel subies par les femmes dans la sphère professionnelle tout en brisant certaines idées reçues sur les caractéristiques des victimes ou le profil de leurs harceleurs.
L’analyse détaillée du profil des victimes de ce type rapports contraints confirme notamment la corrélation entre habillement et harcèlement sexuel au travail et plus précisément l’idée selon laquelle imposer une tenue « sexy » accentue les risques de violences sexuelles.
De toutes les catégories de travailleuses, c’est en effet dans les rangs des femmes soumises à des règlements vestimentaires leur imposant le port d’une tenue de travail mettant en valeur leurs formes (ex : talon, tailleurs…) ou certaines parties de leur corps (ex : jambes…) que l’on trouve le plus de femmes (33%) ayant eu un rapport sexuel « forcé » ou « non désiré ». En termes de politiques publiques, cela soulève donc la question des tenues travail genrées qui peuvent accentuer la pression sexuelle sur les femmes en faisant des « objets de désir » stéréotypés, notamment dans des secteurs (ex : services publics, hôtellerie, restauration…) où elles sont directement en contact avec le public.
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