La mobilité professionnelle séduit plus de la moitié des salariés français, un désir freiné par des difficultés
Une envie de changement travers le salariat français, qui concerne 52% d’entre eux, à un moment où le rapport au travail est en pleine mutation : 21% des travailleurs estiment aujourd’hui que le travail est « Très important » dans leur vie, contre 60% en 19901. Cette mobilité se manifeste autant par la démission (43%) que par un changement plus radical de métier (44%). A fortiori, ce désir global est prépondérant parmi les plus jeunes (60% des moins de 35 ans), une population traditionnellement plus mobiles. Dans le détail, la reconversion professionnelle séduit également les salariés des catégories inférieures (48% contre 36% des catégories supérieurs) et les salariés travaillant dans les secteurs de l’Agriculture et de l’Industrie (58% contre 44% en moyenne).
Pourtant, qu’il s’agissent d’un changement d’entreprise ou d’une reconversion professionnelle, ces envies de changement se concrétisent peu : 7% ont effectivement démissionné et 9% ont changé de métier. La marginalité du passage à l’acte s’explique notamment par une culture française peu ouverte au changement. Les carrières longues et la fidélité à son employeur sont la norme : ainsi, l’expérience la plus longue chez le même employeur se situe aux alentours de 13 ans en moyenne.
Près des trois quarts des personnes interrogées estiment qu’il est difficile de changer de métier que ce soit auprès d’un nouvel employeur ou de son employeur actuel (71%), et 40% ont le sentiment que les deux cas de figure posent des difficultés. 52% des répondants trouvent qu’il est difficile de changer de métier pour aller chez un autre employeur, et ils sont encore plus nombreux (60%) à estimer qu’il est difficile de changer de métier au sein de son employeur, marquant la difficulté française à concevoir qu’un salarié puisse évoluer et se reconvertir au sein de son entreprise.
Les plus jeunes appréhendent moins la reconversion professionnelle que leurs homologues plus âgés (64% contre 74% perçoivent au moins une difficulté). Les hommes émettent également moins de réserves, 68% craignent de rencontrer des difficultés dans le cadre d’une reconversion professionnelle contre 75% des femmes.
Cette difficulté à repenser son parcours professionnel paraît notamment renforcée par les évolutions récentes de l’indemnisation du chômage : la baisse de la durée maximum d’indemnisation conduit une part importante des salariés à la prudence : 48% sont incités à rester plus longtemps chez leur employeur.