Alors que les Etats européens négocient âprement une éventuelle taxation des banques pour contribuer à sauver les finances grecques et que les résultats des stress test bancaires viennent d’être rendus publics, l’Ifop et la Lettre de l’Opinion ont mis un coup de projecteur sur la Suisse, dont l’activité bancaire constitue quasiment un emblème national. Certes exonérée des négociations européennes actuellement en cours, la Suisse n’a pas pour autant été épargnée par la crise. Le secteur bancaire helvétique a, lui aussi, fait l’objet de mesures d’urgence : on peut notamment penser au sauvetage en 2008 d’UBS, menacée de faillite, par le Conseil fédéral et la Banque Nationale Suisse. A cette occasion, les banques suisses ont elles aussi laisser poindre leurs faiblesses. Dès lors, de quelle image et niveau de confiance bénéficient-elles aujourd’hui auprès de la population suisse ?
Premier enseignement, malgré la crise, le secteur bancaire suisse bénéficie d’une image majoritairement positive : c’est le cas pour 65% des Suisses, soit une proportion nettement plus importante qu’en France[1] (49%) mais en deçà de ce qu’on mesure aux Etats-Unis[2] (73%), pays d’où est pourtant partie la crise du système financier. Ce jugement positif émis à leur égard s’inscrit sans doute aussi dans une logique pragmatique : la contribution majeure du secteur bancaire à l’activité économique suisse apparaît unanimement reconnue (86%) ce qui nourrit logiquement l’attachement de la population à son égard.
Dans le même temps, et tout en restant souvent moins intenses qu’en France ou aux Etats-Unis, un certain nombre de réserves émergent. D’une part, le coût de la crise pour les contribuables et l’Etat s’avère largement perçu en Suisse (84%) tout comme d’ailleurs la responsabilité des banques nationales dans le déclenchement de la crise. Signe que la crise a laissé des stigmates dans l’opinion suisse, « seuls » 59% des interviewés ont confiance en la solidité des banques suisses. Egalement pointée du doigt, la trop grande souplesse dans les conditions d’accès au crédit des particuliers, et le risque de surendettement qu’elle induit, s’impose également comme un reproche assez fréquemment répandu au sein de la Confédération (55%). Témoignant d’une certaine défiance née de la crise de 2008, 39% seulement des interviewés estiment que les banquiers ont tiré les leçons de la crise et adopter des comportements moins risqués. Et ce bilan assez mitigé explique sans doute qu’aujourd’hui le placement des banques sous contrôle de l’Etat soit une hypothèse envisagée par la moitié des Suisses.
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