Cette nouvelle vague du baromètre Ifop pour Dimanche Ouest-France est marquée par une très forte chute du moral des Français. En effet, seuls 30 % d’entre eux se disent « très » ou « assez optimistes concernant leur avenir et celui de leurs enfants », soit une chute de pas moins de 14 points par rapport au mois d’août dernier et de 19 points par rapport à janvier 2013. En un an, la proportion de personnes optimistes dans notre pays est ainsi passée de près de une sur deux (49 %) à moins de une sur trois (30 %). Un tel niveau de pessimisme a rarement été mesuré dans ce baromètre depuis 1995. Le moral est un peu moins bon que durant la période comprise entre août 2011 et août 2012, où après une accalmie et un début de reprise la crise s’était de nouveau aggravée. La part des optimistes oscillait alors entre 32 et 35 %. Pour retrouver aussi historiquement bas, il faut remonter à août 2005, où quelques mois après la large victoire du « non » au référendum européen, et juste avant le déclenchement des émeutes de banlieues, la proportion des « optimistes » s’établissait également à 30 %.
Dans le détail, le moral apparaît particulièrement plombé dans certaines catégories. Il en va ainsi des 50-64 ans (24 % d’optimistes seulement) et des 65 ans et plus (22 % contre 40 % parmi les moins de 35 ans) ou des ouvriers (27 % contre 37 % auprès des cadres supérieurs et des professions libérales). De même, le niveau de pessimisme est inégalement réparti selon les familles politiques. Si les sympathisants socialistes apparaissent encore majoritairement optimistes pour leur avenir et celui de leurs enfants, la sinistrose est massive à droite : 20 % d’optimistes seulement.
Dans ce contexte très dégradé, la confiance dans le gouvernement se situe assez logiquement à un très faible niveau. Elle est minoritaire sur les sept domaines testés, la défiance étant particulièrement puissante sur les questions économiques (pouvoir d’achat et impôts). En dépit des récentes polémiques sur la publication sur le site du premier Ministre d’un rapport sur l’intégration, le niveau de confiance est resté stable à propos de l’immigration à 39 %. Peut-être faut-il y voir un « effet Valls » qui jouerait également sur le niveau de confiance en ce qui concerne la lutte contre l’insécurité qui atteint 38 % en baisse d’un point seulement par rapport à août dernier. La baisse est plus nette (5 points) qu’il s’agisse de la protection de l’environnement (38 %), la lutte contre la pauvreté (27 %) ou bien la lutte contre le chômage (20 %), où en dépit des promesses et objectifs présidentiels d’une inversion de la courbe à la fin de l’année 2013, le scepticisme a encore gagné du terrain.
Par rapport à l’été dernier, la cote de confiance reste stable à propos du pouvoir d’achat et des impôts, mais cette stabilité ne doit pas être interprétée positivement par le gouvernement car elle s’établit un niveau historiquement très bas : 13 % pour le pouvoir d’achat et 12 % pour les impôts.
De la même façon, la mise en perspective historique montre que sur le thème de la lutte contre l’insécurité (domaine sur lequel le crédit du gouvernement est plus élevé qu’ailleurs), le niveau de confiance est le plus bas observé depuis que cette question a été intégrée dans ce baromètre en août 2002. Il en va de même sur la protection de l’environnement alors même que des écologistes sont présents au gouvernement, ce qui n’avait jamais été le cas depuis août 2002.
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