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Les jeunes, l’information et la prévention du sida

Alors que le sida tue encore chaque année des centaines de milliers de personnes dans le monde, l’Ifop dresse pour Sidaction un état des lieux des perceptions du virus auprès des jeunes âgés de 15 à 24 ans, et questionne leurs pratiques sexuelles (à risques pour une partie d’entre eux) ainsi que leur accès à l’information dans les structures éducatives.

 

 

A) Des jeunesses françaises qui s’estiment de mieux en mieux informées sur le VIH

 

Les jeunesses françaises s’estiment de mieux en mieux averties sur le VIH, 77% des personnes âgées de 15 à 24 ans se déclarent en effet bien informées sur le VIH, le virus du sida, ses modes de transmission, ses traitements et sa prévention, soit une hausse significative par rapport à 2022 (69% de bien informées, + 8 points) et 2021 (67%, + 10 points). Un retour à un niveau d’information équivalent à celui pré-Covid est ainsi constaté (77% en 2019, chiffre égal aujourd’hui).

 

Dans le détail, des différences émergent en fonction du critère de sexe, les hommes (82%) s’estimant en effet mieux informés sur le VIH que les femmes (73%). L’étude met également en exergue des écarts générationnels, 89% des 15-17 se disent bien renseignés sur le VIH, alors qu’ils sont 70% parmi les 18-20 ans et 73% chez les 21-24 ans. Cet écart en fonction de l’âge est d’ailleurs corrélé avec la situation « scolaire » des personnes interrogées : 80% des collégiens / lycéens / étudiants se déclarent bien informés (vs 58% pour les personnes au chômage, et 74% pour les actifs).

 

L’enquête montre par ailleurs que le sentiment d’information sur le VIH et le sida augmente sur tous les sujets, correspondant à une hausse de 3 à 16 points en fonction des éléments testés. 67% des Français âgés de 15 à 24 ans se déclarent bien informés sur l’existence du préservatif féminin (contre 61% en février 2022, +6 points), 65% sur les lieux où aller se faire dépister pour savoir si on a le virus du sida (vs 49% en 2022, soit une hausse considérable de 16 points) et 60% sur le fait qu’une personne vivant avec le VIH et suivant correctement son traitement ne peut pas transmettre le virus du sida (+ 10 points par rapport à 2022).

 

Notons que même parmi les thématiques moins connues auprès des jeunes, des évolutions significatives émergent, notamment sur la connaissance des traitements pour les personnes séropositives (42% se considèrent bien informées aujourd’hui contre 39% en février 2022) et sur l’existence d’un autotest de dépistage du VIH (49% aujourd’hui vs 37% en 2022). Il semblerait d’ailleurs que cette meilleure connaissance des autotests aille de pair avec une augmentation des pratiques de dépistage déclarées : 28% des jeunes ayant eu un rapport sexuel au cours des douze derniers mois déclarent avoir effectué un test de dépistage du VIH/SIDA durant l’année, correspondant à une hausse de 8 points par rapport à février 2022.

 

 

 

B) Au-delà de cette hausse déclarée du sentiment d’information sur le VIH, le bilan apparait mitigé voire inquiétant concernant les pratiques sexuelles des jeunes et leurs perceptions du virus

 

Alors que le niveau d’information sur le VIH semble augmenter auprès des jeunes âgés de 15 à 24 ans, le bilan apparait plus mitigé voire inquiétant au regard de leurs pratiques sexuelles et de leur façon d’appréhender le virus.

 

D’une part, les jeunes se sentent moins exposés par le virus : 37% des sondés âgés de 15 à 24 ans considèrent qu’ils ont mois de risques que les autres d’être contaminés par le sida, soit une hausse préoccupante de 8 points par rapport à février 2022. Dans le détail, les jeunes hommes se trouvent sur-représentés parmi ceux qui considèrent avoir moins de risques d’être contaminés par le sida (45%, +8 points par rapport à la moyenne), au même titre que les 15-17 ans (43%) et des peu ou pas diplômés (42%).

D’autre part, si une courte majorité de jeunes (51%) considère que l’épidémie est aujourd’hui contenue, 18% d’entre eux estiment que la prise d’un comprimé de paracétamol (Doliprane, Efferalgan, etc.) est efficace pour empêcher la transmission du VIH/SIDA (une augmentation significative de 5 points en un an), chiffre révélateur d’une inquiétante « insouciance », voire de mésinformation vis-à-vis du virus.

 

Par ailleurs, l’étude souligne des pratiques à risques parmi les jeunes de 15-24 ans. Seulement 29% d’entre eux utilisent systématiquement un préservatif lors de rapports sexuels, contre 34% en février 2022, le recul est d’autant plus net en comparaison avec 2020, où 48% déclaraient utiliser systématiquement un préservatif lors des rapports sexuels. Les collégiens / lycéens / étudiants (seulement 10% d’utilisation systématique du préservatif) apparaissent avoir des pratiques plus risquées que les actifs (47% d’utilisation systématique). La même tendance se trouve constatée en s’intéressant au type d’établissement fréquenté : seulement 22% des jeunes du public utilisent systématiquement un préservatif, contre 46% dans les établissements privés. Enfin, le niveau d’éducation apparait également comme une variable « lourde » : les plus diplômés (49%) utilisant en effet davantage systématiquement un préservatif que les non ou très peu diplômés (31%).

 

 

 

C) Pour lutter contre le virus et pour une meilleure sensibilisation des jeunes, une intensification de la prévention dans les structures éducatives constitue un levier d’action central

 

Alors même qu’une certaine frange de la jeunesse adopte des pratiques à risques en matière de sexualité, une baisse continue depuis 2009 du suivi d’un enseignement relatif au VIH dans les structures éducatives est constatée : 75% des jeunes âgés de 15 à 24 ans déclarent avoir bénéficié d’un cours sur le VIH au cours de leur scolarité cette année, contre 87% en 2009, 85% en 2018 et 76% en 2022. Notons d’ailleurs que les femmes (80%) déclarent davantage avoir bénéficié de cet enseignement que les hommes (69%).

 

Et en s’intéressant plus précisément au contenu des cours d’éducation « à la vie affective et sexuelle », nous constatons un gap entre les sujets abordés et les sujets qui devraient être abordés : 64% des jeunes âgés de 15 à 24 ans considèrent en effet que les infections sexuellement transmissibles, le VIH devraient être évoqués (alors que seulement 44% se rappellent avoir bénéficié de cet enseignement dans un cours), et 61% pensent que le principe du consentement devrait être mis en avant ; un sujet abordé en cours pour seulement 24% des sondés concernés, soit un écart de plus de 30 points !

 

Corolaire de ce bilan mitigé concernant la prévention sur le VIH, et plus généralement sur la sexualité, 75% des jeunes auraient voulu être mieux informés et accompagnés dans le début de leur vie affective et sexuelle – 81% chez les femmes, 88% parmi les diplômés du supérieur, 93% chez les jeunes du privé – signe d’une demande forte d’information parmi les jeunesses françaises, et qu’une meilleure sensibilisation dans les structures scolaires constitue un potentiel levier d’action pour lutter contre le VIH.

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les résultats

Méthodologie de recueil

L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1063 personnes, représentatif de la population française âgée de 15 ans à 24 ans.
La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de ménage, niveau de diplôme) après stratification par région et catégorie d'agglomération.
Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 9 au 15 février 2023.

Vos interlocuteurs

Frédéric Dabi Directeur Général Opinion France

Jean-Philippe Dubrulle Directeur d'études - Opinion & Stratégies d'Entreprises

Hugo Lasserre Chef de Groupe - Département Opinion & Stratégies d'Entreprise

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Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 9 au 15 février 2023.

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