Réalisée à près de cinq mois du prochain scrutin régional, l’enquête Ifop-Fiducial pour iTELE, Paris Match et Sud Radio, menée en Provence-Alpes-Côte d’Azur, révèle une probabilité et une double incertitude.
Une forte probabilité : la perte de la région PACA par la gauche. Ce sondage confirme en effet la très grande difficulté électorale que connaît la gauche depuis de nombreux scrutins dans cette région pourtant détenue par le Parti Socialiste depuis 1998. Avec 17% des intentions de vote au premier tour, la liste conduite par Christophe Castaner est largement devancée – de l’ordre de 12 à 15 points – par la liste « Les Républicains » et celle du Front National. Ce score relativement faible en faveur de la liste socialiste ne se traduit pourtant pas par un phénomène de « vote réceptacle » en faveur de la liste du Front de Gauche ou de celle d’Europe Ecologie-Les Verts, encalminées chacune à 7% des intentions de vote. Plus largement, ce sondage enregistre une forte décrue du total des voix de gauche comparé à l’élection présidentielle (-5 points) et surtout par rapport aux dernières élections régionales de 2010 (-11 points).
Une incertitude sur l’ordre d’arrivée au soir du 6 décembre. Avec 32% des intentions de vote, la liste frontiste conduite par Marion Maréchal-Le Pen arrive en tête de ce rapport de force électoral en PACA et devance de 3 points la liste des Républicains et de l’UDI conduite par Christian Estrosi. Le Front National obtient un score à l’étiage de son résultat électoral des dernières élections européennes (33,2% en faveur de Jean-Marie Le Pen) et progresse de 8 points par rapport au score présidentiel de Marine Le Pen. Au cœur de la dynamique frontiste réside la capacité de la liste conduite par Marion Maréchal-Le Pen à faire le plein auprès des segments traditionnels du vote FN (47% des moins de 35 ans, 58% des électeurs des catégories populaires) et à attirer une part non négligeable d’électeurs présidentiels de Nicolas Sarkozy (16% soit presque 5 points). Avec 29% des intentions de vote, la liste conduite par Christian Estrosi qui surperforme dans l’électorat âgé (49% contre 10% pour la liste FN) se rapproche à la fois du score présidentiel de Nicolas Sarkozy (29%) et du résultat des listes UMP et UDI et MoDem des dernières élections européennes (30%). Pour autant, l’avance en faveur de la liste FN doit être regardée avec une forte prudence. D’une part, l’écart de trois points entre les listes Maréchal-Le Pen et Estrosi se situe dans la marge d’erreur inhérente à ce sondage. D’autre part, la configuration de premier tour testée comprenait une liste du Modem recueillant 5%. C’est dire s’il est primordial pour les Républicains et l’UDI de parvenir à une liste commune avec la formation de François Bayrou pour envisager d’arriver en tête au soir du premier tour.
Une incertitude quant à la victoire finale en région PACA. Avec 35% des intentions de vote de second tour, la liste conduite par Christian Estrosi devance de peu la liste FN (33%) et la liste d’union de la gauche (32%). La droite apparaîtrait donc en mesure de reprendre une région lui échappant depuis 1998. Il convient toutefois de prendre avec précaution ce rapport de force électoral de second tour réalisé sans que les électeurs interrogés ne connaissent les résultats du premier tour. Dans ce cadre, l’attitude des électeurs de gauche est susceptible de constituer la clé du scrutin. Dans la double hypothèse où la liste socialiste arriverait, comme cette enquête l’indique, en troisième position le 6 décembre prochain et où le scénario d’une victoire de la part du FN se dessinerait, pourra peut-être émerger un phénomène de « vote utile anti-FN », déjà entrevu au dernier scrutin départemental, par exemple dans le Vaucluse, de la part d’une partie des électeurs de gauche. Ce vote utile profiterait dès lors à la droite républicaine.
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