La nouvelle enquête d’intentions de vote présidentielle Ifop / Journal du Dimanche confirme l’avance de la gauche à sept mois du scrutin. Réalisée au lendemain de l’Université d’été de La Rochelle, ce sondage éclaire surtout sur le rapport de force entre les principaux prétendants socialistes à la Primaire organisée les 9 et 16 octobre.
Dans ce cadre, trois enseignements sont à souligner :
1. « La dynamique François Hollande ». Avec 29% des intentions de vote au premier tour, François Hollande distance nettement Nicolas Sarkozy (23.5%) et progresse d’un point comparé à l’enquête Ifop de juillet. Surtout, ce socle de premier tour s’avère plus important que celui obtenu par Martine Aubry (25%) – cette dernière ne dépassant le candidat UMP que d’un point – et largement supérieur au score recueilli par Ségolène Royal, devancée par Nicolas Sarkozy comme par Marine Le Pen. Cet avantage en faveur de François Hollande se fonde sur trois aspects. Il s’agit d’abord des scores d’intentions de vote particulièrement élevés obtenus par le député de Corrèze auprès des personnes âgées de plus de 50 ans, segments traditionnellement difficiles pour la gauche. Ainsi, François Hollande recueille respectivement 33% et 32% chez les personnes âgées de 50 à 64 ans et celles de plus de 65 ans (contre 25% et 28% pour Martine Aubry). Ensuite, à l’instar de ce que l’Ifop observait pour Dominique Strauss-Kahn avant le 15 mai dernier, François Hollande s’apparente à un candidat « attrape-tout » au regard de sa capacité à attirer sur son nom dès le premier tour nombre d’électeurs non socialistes. A titre d’exemple, il recueille les intentions de vote de près d’un électeur Bayrou 2007 sur trois (31%) et 37% des électeurs d’Europe Ecologie du dernier scrutin régional. Enfin, les résultats observés dans les configurations de second tour pourraient s’avérer un atout décisif dans la perspective de la Primaire socialiste. En effet, on sait que la capacité du candidat socialiste à vaincre au second tour Nicolas Sarkozy constitue un levier très important de mobilisation des électeurs potentiels à la Primaire. Dans ce cadre, c’est François Hollande qui parvient le plus nettement à l’emporter au second tour face au candidat de l’UMP (59%-41% contre 54%-46% dans l’hypothèse d’un duel Nicolas Sarkozy- Martine Aubry). Notons que par rapport à l’enquête Ifop précédente, l’avance des candidats socialistes au second tour progresse (de 2 points dans l’hypothèse François Hollande, d’1 point dans l’hypothèse Martine Aubry).
2. Un écart qui s’accroit entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen. Le rapport de force électoral demeure très malaisé pour le chef de l’Etat, à sept mois du premier tour. Avec 23.5% à 25% des intentions de vote, Nicolas Sarkozy n’apparaît pas aujourd’hui en situation – ce qui est d’ailleurs totalement inédit dans l’histoire de la Cinquième République – d’arriver en tête au soir du premier tour. Dans le contexte d’une offre de candidats très « encombrée » à droite (de Villepin, Nihous, Boutin, Nicolas Dupont-Aignan notamment), la progression des intentions de vote en faveur de Nicolas Sarkozy est ténue (0.5 point en moyenne). Toutefois, l’écart observé au premier tour entre ce dernier avec Marine Le Pen tend à se creuser : 5 points par exemple pour la configuration dans laquelle François Hollande est testé. Créditée de scores allant de 18.5% à 19.5%, Marine Le Pen subit pour la deuxième enquête consécutive un recul des intentions de vote en sa faveur, même si elle émerge à un étiage toujours supérieur aux scores présidentiels passés de son père. En outre, la candidate frontiste continue d’atteindre des scores jamais observés par l’ancien président du FN dans les intentions de vote présidentielles. Cette érosion du socle électoral de Marine Le Pen vient d’une moindre capacité que par le passé à attirer sur son nom l’électorat de droite modérée : ainsi, 14% des électeurs sarkozystes du 22 avril 2007 opteraient pour un vote frontiste dès le premier tour alors qu’ils étaient 18% en juillet et plus de 20% en mai.
3. Le « marais » centriste. En dehors des prétendants socialistes testés, du candidat de l’UMP et de celle du Front National, aucune candidature ne parvient à franchir le seuil symbolique de 10% des intentions de vote. S’agissant du Centre, on n’observe pas la moindre clarification au sein de cet espace très concurrentiel et sans doute majeur dans la perspective du second tour de l’élection présidentielle. Le potentiel électoral du Centre demeure partagé à part équivalente entre François Bayrou et Jean-Louis Borloo.
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