L’enquête d’intentions de vote pour l’élection présidentielle Ifop / Journal du Dimanche* confirme la très forte incertitude relative au rapport de force électoral. Il est en effet frappant d’observer qu’à moins d’un an du premier tour du scrutin, rien ne semble acquis pour ce qui concerne la qualification au second tour. Ainsi, dans l’hypothèse de premier tour comprenant François Hollande comme candidat socialiste, seul 1 point sépare le trio de tête. Cette situation inédite sous la Vème République est à relier à l’attractivité électorale dont bénéficie Marine Le Pen. Avec des intentions de vote de 22%-23%, la candidate frontiste apparait en mesure de venir troubler la traditionnelle confrontation gauche-droite attendue pour le second tour. En nette progression comparée à la récente enquête Ifop / Paris Match – Europe 1, Marine Le Pen devance de peu Nicolas Sarkozy. Toutefois, celui-ci voit les intentions de vote en sa faveur (21,5%-22%) progresser également du fait d’une amorce de remobilisation de son socle électoral de 2007. A titre d’exemple, le candidat de l’UMP regagne 7 points d’intentions de vote chez les personnes âgées de plus de 65 ans et 9 points parmi ses électeurs du 22 avril 2007. Dans le même temps, Marine Le Pen enracine sa domination au sein des catégories populaires : respectivement 32% des employés et 40% des ouvriers déclarent un vote en sa faveur. Du côté socialiste, cette enquête confirme l’avance dont bénéficie Dominique Strauss-Kahn. Recueillant 26% des intentions de vote, l’actuel président du FMI distance suffisamment ses rivaux de l’UMP et du FN pour éviter à la gauche une élimination à l’issue du premier tour, dix ans après le 21 avril 2002. Néanmoins, il ne devance plus François Hollande que de 3 points alors qu’il comptait 6 points d’avance en avril (27% contre 21% dans le sondage Paris Match Europe 1) voire 11 points en novembre. Les deux prétendants à la primaire – l’un déclaré, l’autre virtuel – parviennent à rassembler une part équivalente de l’électorat socialiste de 2007 : 64% des électeurs de Ségolène Royal de 2007 voteraient en faveur de François Hollande, 63% s’agissant de DSK. C’est en revanche la capacité de Dominique Strauss-Kahn à mordre sur l’électorat centriste (30% des électeurs 2007 de F. Bayrou le choisissent au premier tour contre 17% pour François Hollande) qui lui permet de conserver son avance. Enfin, ce sondage marque un rééquilibrage dans la lutte pour l’incarnation du Centre. Les intentions de vote s’avèrent à cet égard quasi équivalentes entre Jean-Louis Borloo et François Bayrou.
* Les interviews ont été réalisées avant l’arrestation, samedi, de Dominique Strauss-Kahn.
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