Premier rendez-vous électoral du second mandat d’Emmanuel Macron, les prochaines élections européennes constituent un enjeu aussi bien pour la majorité que pour les oppositions. Alors que la feuille de match n’est pas tout à fait fixée, Ifop-Fiducial pour le Journal du Dimanche er Sud Radio publie la première intention de vote de ce scrutin attendu. Entre possible vote sanction et retour de l’alliance Nupes, les enjeux sont multiples.
A ce stade, la gauche unie arriverait en tête du scrutin, ex-aequo avec le Rassemblement National, et le parti présidentiel semble résister aux vents de la contestation sociale et de l’impopularité.
Confirmation de la domination du Rassemblement National sur le scrutin européen.
Traduction d’un possible vote sanction qui se manifeste traditionnellement à l’occasion des scrutins intermédiaires, le parti lepéniste conserve la première place acquise en 2019 avec 25% à 26% d’intentions de vote. Et ce malgré une candidature Reconquête créditée de 6% des intentions de vote, un score avoisinant celui d’Éric Zemmour à l’élection présidentielle. Le parti de Marine Le Pen reste fort dans les strates populaires et fragilisées par la baisse du pouvoir d’achat (50% d’intentions de vote chez les ouvriers, 35% chez les employés et 35% chez les moins diplômés). L’hypothèse d’une liste conduite par Jordan Bardella ne capte par la totalité des voix données à Marine Le Pen au premier tour de l’élection présidentielle de 2022 (82%) mais parvient à récupérer une partie de l’électorat de Valérie Pécresse (13%) et d’Éric Zemmour (25%).
Une majorité sanctionnée mais qui résiste.
Avec 19% à 22% d’intentions de vote selon les configurations testées, la liste conduite par Stéphane Séjourné – pour l’instant mal identifié par les Français – apparaît affaiblie par rapport à 2019, la liste menée par Nathalie Loiseau ayant alors recueilli 22,4% des suffrages. Bien que seulement un point séparait la majorité du Rassemblement National, l’écart se fait plus important à ce stade. Par ailleurs, le parti présidentiel semble résister notamment grâce au soutien des personnes âgées (35% chez les 65 ans et plus) et des plus diplômés (20%). Au vue de la forte impopularité du président et de la Première ministre, ce résultat s’avère relativement rassurant pour Renaissance.
Union ou dispersion de la gauche : un élément clef du scrutin.
La configuration de la gauche aux prochaines élections européennes pourrait avoir un impact non négligeable sur l’issue du scrutin. Si la gauche se présente dispersée, elle recueillerait au total 35% des intentions de vote (soit plus qu’unie, 26%). Au-delà du résultat, cette étude révèle un morcellement et une absence de leadership entre les partis de l’alliance Nupes qui peut constituer un repoussoir pour certains électeurs de gauche. En effet, aucune formation politique ne tire son épingle du jeu puisque le Parti Socialiste, Europe Ecologie Les Verts et La France Insoumise recueilleraient tous 10% des intentions de vote. Dans le détail, LFI ferait certes mieux qu’en 2019 mais ne parvient pas à retrouver la dynamique de l’élection présidentielle. En revanche, le Parti Socialiste apparaît plus fort qu’attendu avec un score bien plus important que celui d’Anne Hidalgo en 2022. Quant au parti écologiste, pour qui les européennes sont généralement synonyme de bons résultats, leur score apparaît en deçà des attentes avec 10% d’intentions de vote, contre 13,5% en 2019. L’hypothèse d’une alliance Nupes semble paradoxalement à la fois promesse de victoire (26% d’intentions de vote, soit autant que RN) et de déperdition des voix.
Les Républicains retrouvent une dynamique mais n’apparaissent pas déterminants dans le scrutin
Quant à la liste Les Républicains, son score dans ce sondage avoisine celui de 2019 avec 8% à 11% d’intentions de vote. Une tendance haussière par rapport à l’élection présidentielle mais qui ne permet pas à la droite de redistribuer les cartes et confirme la division tripartite du champ politique émergée à l’issu des scrutins présidentiel et législatif de l’année passée.