A dix mois des élections européennes, premier retour aux urnes pour les citoyens depuis des élections législatives indécises, l’Ifop a interrogé les Français pour le Journal du Dimanche.
Alors qu’un statut quo semble régner en France avec l’absence de majorité absolue mais aussi d’émergence de nouvelles figures d’opposition, ces élections européennes pourraient bien se diriger vers un résultat ressemblant à celui de 2019. Ainsi, dans cette donne politique quelque peu figée, le Rassemblement National émergerait cette fois encore en tête dans toutes les configurations. La liste conduite par Jordan Bardella devancerait à nouveau celle de la majorité présidentielle, reléguant loin derrière une gauche qui ne semble pas parvenir à s’unir et une droite toujours en mauvaise posture.
Comme en 2019, l’habituel vote sanction des scrutins intermédiaires semble profiter au Rassemblement National, crédité de 25% des suffrages exprimé dans chacune des hypothèses envisagées (malgré la présence d’une liste Reconquête qui recueillerait entre 6,5% et 7% des suffrages). En période de forte inflation, le parti lepéniste Marine Le Pen bénéficie notamment de plus d’un tiers des votes exprimés des catégories populaires, dont près de la moitié de ceux des ouvriers.
La liste de la majorité présidentielle, conduite par Stéphane Séjourné, retrouverait un score avoisinant celui de 2019 (21% à 23% selon les hypothèses de notre sondage, contre 22,4% en 2019 pour la liste menée par Nathalie Loiseau). Toutefois, l’écart grandit entre la liste macroniste et le Rassemblement National, puisqu’il n’était que d’un point en 2019. L’avance de la liste de Jordan Bardella s’accroît même légèrement depuis notre étude de juin dernier (1 point de plus à hypothèse égale).
A gauche, alors que l’union semble de moins en moins probable, aucune liste n’émerge au-dessus de 11%, score dont serait crédité une liste rassemblant la France insoumise et le Parti socialiste derrière Ségolène Royal. Dans tous les cas, la gauche rassemble au mieux un tiers des suffrages sur plusieurs listes dispersées, aucune ne parvenant à s’imposer par rapport aux autres (insoumis, socialistes et écologistes se trouvant systématiquement au coude-à-coude).
Enfin, les Républicains réuniraient entre 8% et 9% des voix selon les configurations. Un score plus élevé que celui de leur candidate Valérie Pécresse en 2022 mais rappelant celui de la liste de François-Xavier Bellamy en 2019 (8,5%). Lequel avait à l’époque été considéré comme un échec, signe que la convalescence à droite n’est pas terminée.