Record de mécontents pour François Hollande.
Le désamour continue. Pour François Hollande, le mois de septembre avait été marqué par une chute aux yeux de l’opinion (- 5 points). Le président de la République avait enregistré une proportion record de mécontents (76% des Français), jamais atteinte sous la Ve République. En octobre, le baromètre Ifop-JDD n’affiche aucune amélioration: 23% seulement des sondés se disent satisfaits, comme en septembre. Le chef de l’État bat même de nouveau le record de mécontentement (77%). À la rentrée, les enquêtes d’opinion reflétaient les craintes d’une action militaire en Syrie. Force est de constater que François Hollande n’a tiré aucun profit de cette non-intervention. Contrairement à Jacques Chirac, qui fut crédité de son refus à participer à la deuxième opération en Irak. À peine trouve-t-on, dans les réponses aux questions ouvertes de l’Ifop, une agricultrice électrice de François Hollande pour se réjouir qu’il n’ait « pas envoyé les Français à la guerre ».
Les électeurs les moins satisfaits du Président se recrutent toujours chez les artisans et commerçants (12% seulement), les employés (15%), les ouvriers (22%) et les sympathisants FN (4%) et UMP (5%). Les jeunes (18-24 ans) sont encore 31% à se dire satisfaits, soit un point de plus que le mois précédent. Relevons que, à cinq mois des municipales, la cote de popularité du chef de l’État est minoritaire parmi les sympathisants du Front de gauche et des Verts, tandis que 35% des sympathisants socialistes expriment leur mécontentement.
« De nouveaux impôts de mois en mois ».
Au cœur de ce désamour, on trouve les prélèvements obligatoires: «Au niveau des impôts, on ne voit qu’une seule chose : c’est taxe et retaxe. » Et la litanie des reproches est presque exclusivement fiscale. Elle porte à la fois sur les faits vécus – « J’ai reçu ma feuille d’impôt il y a quelques jours » et des anticipations pessimistes : « On apprend de nouveaux impôts de mois en mois. » De façon plus récente, des critiques se font jour sur le poids des impôts locaux, la date limite de paiement des taxes d’habitation et foncière approchant. En miroir, les Français ont le sentiment que, pour sa part, l’État n’en fait pas assez en matière d’économies. Cette attente de réciprocité ne leur paraît pas entendue par l’exécutif.
Par ailleurs, la réforme des rythmes scolaires ressort aussi des discours des mécontents. Certains parents ressentent une brutalité dans ce changement imposé et parlent aussi de la fatigue des enfants. En revanche, l’affaire Leonarda, très présente médiatiquement, n’est que rarement évoquée. Elle réactive toutefois un sentiment de cafouillage sur la ligne du gouvernement quelques semaines après l’antagonisme Duflot-Valls sur les Roms. L’évolution de la perception du Premier ministre n’aide pas le Président : avec 28% seulement de satisfaits (- 2 points) et 70% de mécontents (+ 4 points), Jean-Marc Ayrault enregistre lui aussi, ses plus mauvais résultats depuis sa nomination à Matignon. Un niveau d’impopularité que François Fillon n’avait jamais atteint. Fait majeur, plus de quatre sympathisants socialistes sur dix expriment leur désapprobation. L’électeur, comme sœur Anne, ne voit rien venir de positif. II est de plus en plus dans une spirale de démoralisation : « J’entends plus d’insatisfaction autour de moi », dit l’une, et l’autre analyse ces effets sur lui-même : « C’est l’avis général de toute la population qui a fait que mon avis a changé et que je suis plus mécontent. » Dans ces conditions, pour être un hollandais heureux, il faut être doté d’une vraie confiance : « C’est une attente qui a du mal à se concrétiser, mais je lui laisse encore ma confiance […]. Il y a une accumulation d’attentes sur plusieurs mois. » Les ferments d’un vote sanction sont largement présents dans le discours des Français.
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