Baromètre JDD : Valls, première baisse.
Le Premier ministre, qui perd deux points, reste à un niveau élevé tandis que le Président se stabilise à un niveau très bas (18%).
C’est quand même une énigme, et une énigme sans précédent sous la Ve République : un président de la République toujours au plus bas (18%, stabilisé à ce niveau record) et un Premier ministre toujours au plus haut (56%) malgré son léger recul (- 2) et plus haut que tous les “seconds premiers ministres” des mandats présidentiels. C’est pourtant la même politique qui est approuvée à travers Manuel Valls et condamnée à travers François Hollande. Pour résoudre cette énigme, qui est d’abord naturellement une énigme “vallsienne”, ¬l’impopularité de François ¬Hollande ne posant guère de problème, il faut regarder à la fois les chiffres et les mots
Les chiffres
François Hollande, avec 18% seulement de satisfaits pour 82% de mécontents, présente malgré tout une structure de popularité classique : majoritaire chez les siens (52%, + 4, chez les sympathisants socialistes), réduite au quart sur ses ailes (22%, + 2, au Front de gauche et 23 %, – 3, à Europe Écologie-Les Verts) et ultra-minoritaire comme jamais à droite (6%, 3% et 4% à l’UDI, à l’UMP et au FN). À l’inverse, Manuel Valls doit sa cote majoritaire – de 38 points supérieure à celle de son président – à une distribution inédite sous la Ve République : très forte au PS (80%, + 1), mitigée sur les ailes (49%, + 7, au Front de gauche ; 54%, – 4, chez les Verts), mais surtout étonnamment élevée au MoDem (67%), à l’UDI (64%) et à l’UMP (57%, + 1). Une bienveillance du centre et de la droite tout à fait inédite pour un Premier ministre socialiste. À gauche, c’est 28 points de plus que François Hollande au PS, 28 de plus au Front de gauche, 31 à Europe Écologie. À droite, c’est beaucoup plus : 50 points de plus que Hollande au MoDem ; 55 à l’UDI, 54 à l’UMP. Étrange structure de popularité, qui a l’éclat du verre mais pas encore sa fragilité.
Les mots
Les mots des personnes interrogées par l’Ifop confirment la richesse et la complexité de la perception du Premier ministre. Sans que ni l’un ni l’autre soit cité, c’est comme un mélange de l’énergie de Nicolas Sarkozy et du Désir d’avenir de la Ségolène Royal de 2007 qu’il semble incarner. On le trouve “dynamique”, “tonique”, “il peut faire bouger les choses”, “il sait où il va, en tout cas c’est l’image qu’il donne”, “je le trouve très positif, et on a besoin de positivité”. Tout se passe comme si sa perception se construisait à la fois par rapport à Jean-Marc Ayrault et à François Hollande, et qu’elle se nourrissait de ce qui apparaît à certains pour des atermoiements et des tergiversations et à d’autres pour des habiletés.
Au-delà des élections européennes, qui devraient s’ajuster sur l’impopularité présidentielle plus que sur la popularité du nouveau chef de gouvernement, la question est posée de la durée de cet étrange exécutif à la fois cohérent dans l’action et si peu dans la perception.
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