Un Président historiquement faible après la sévère défaite de la gauche aux dernières élections municipales, un nouveau chef de gouvernement qui passe avec succès son premier test dans l’Opinion, tels sont les deux principaux enseignements de cette nouvelle vague du baromètre Ifop-JDD.
Le caractère inédit de cette enquête peut se résumer à un chiffre : 40. Il représente l’écart de popularité entre François Hollande (18% de satisfaits) et Manuel Valls (58%), le précédent record entre les deux têtes de l’exécutif atteignait 21 points entre François Fillon et Nicolas Sarkozy et c’était déjà au lendemain des élections municipales de mars 2008.
Cet écart massif qui met à mal la théorie traditionnelle sous la Vème République du Premier ministre « fusible » protégeant le locataire de l’Elysée en dit surtout long sur la situation extraordinairement compliquée connue par François Hollande, presque deux ans après sa victoire de l’élection présidentielle.
Avec 18% de satisfaits et 82% de mécontents, le chef de l’Etat recueille à la fois le plus petit nombre de soutiens et le plus grand nombre de contempteurs dans l’histoire du baromètre du Journal du Dimanche. La popularité présidentielle est, au regard de son étiage, minoritaire dans toutes les catégories socio-démographiques et dans l’ensemble des familles politiques, y compris pour la première fois chez les sympathisants socialistes – son cœur de cible – dans lequel il recule de 12 points.
Ce doute profond à l’égard de la capacité du nouveau gouvernement à améliorer la situation du pays n’affecte pas pour le moment le nouveau Premier ministre. Bien au contraire, avec 58% de satisfaits, Manuel Valls obtient le meilleur résultat des deuxièmes « Premier ministre » nommés en cours de mandat par un Président. Il dépasse par exemple de 11 points le Lionel Jospin vainqueur des élections législatives de 1997 et de 14 points Dominique de Villepin, appelé à Matignon en mai 2005.
A l’inverse de François Hollande, Manuel Valls bénéficie d’une popularité majoritaire dans tous les segments de la population. Crédité de 79% de satisfaits chez les sympathisants socialistes, le Premier ministre profite également de la bienveillance de 58% des proches de l’UMP et de près deux tiers des sympathisants centristes.
Plus qu’une aura de confiance, peut-on pour autant évoquer un véritable état de grâce en faveur de Manuel Valls ? La situation du pays et l’attente ultra-impatiente de résultats de la part des Français incitent à une forte prudence. Néanmoins, la popularité consensuelle et par là protectrice dont bénéficie ce nouveau chef de gouvernement pourrait lui permettre de connaître plus tardivement que beaucoup de ses prédécesseurs les affres de l’enfer de Matignon.
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