Deux Français sur trois mécontents
Plus la présidentielle se rapproche, plus Nicolas Sarkozy s’effrite (- 1 point encore ce mois-ci, après le – 2 de mars), battant, mois après mois, les records de mécontentement des présidents de la République sous la Ve et limitant d’autant les probabilités, en ce qui le concerne, de remontée suffisante pour rendre incertaine la bataille de 2012.
Avec 28 % seulement de satisfaits (soit – 1) – il n’était jamais descendu en dessous de 29 %, en novembre 2010 et en mars dernier – et 72 % de mécontents, record absolu (soit + 1, dont 34 % de « très mécontents ») , Nicolas Sarkozy est naturellement minoritaire dans toutes les catégories (UMP excepté; 72 % de satisfaits [soit – 2] mais quand même 28% de mécontents: un record encore) et fait son maximum de mécontents chez les ouvriers (80 %), les salariés du secteur privé (79 %), les cadres moyens (78 %) et les employés (75 %). Sa baisse la plus forte touche les sympathisants du FN (- 10), indice éloquent de l’insuccès de sa stratégie de droitisation sécuritaire.
À écouter ce que disent les personnes interrogées par l’Ifop pour expliquer ce mécontentement record, il y a la toile de fond et il y a les incertitudes militaires. La toile de fond, elle est toujours sociale, faite de déplorations sur le pouvoir d’achat « l’augmentation de la vie courante », encore ravivées par les déclarations successives sur l’augmentation des tarifs du gaz et de l’électricité. D’où une inquiétude sociale qui se décline facilement en dénonciation de l’inégalité, que viennent encore alimenter les premières perspectives de suppression de l’ISF ; inquiétude sociale prioritaire, qui rend dérisoire, disent beaucoup, le débat sur la laïcité : « il ferait mieux de s’occuper de l’emploi ».
Son résultat en 2012 ne dépend plus de lui C’est sur cette toile de fond que sont venus se greffer les engagements militaires de la France en Libye et en Côte d’Ivoire. Beaucoup sont partagés : favorables à l’intervention en Lybie à condition qu’elle soit courte et se passe sans pertes ; inquiets pour la Côte d’Ivoire. Bref, des guerres incertaines, qui ne disent pas leur nom, et qui ne sont tolérées que parce qu’on les annonce courtes. À un an seulement du premier tour, on mesure à quel point son résultat ne dépend plus de Sarkozy lui-même, mais presque exclusivement de son futur adversaire, de sa personne et de sa campagne. Bref, la gauche reste le seul espoir de la droite, avec l’aide éventuelle et aléatoire de Marine Le Pen au premier tour.
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