Avec l’arrivée probable d’une majorité à l’Assemblée nationale du Rassemblement National à l’issue du second tour des élections législatives anticipées de 2024, beaucoup de Françaises craignent une dégradation de leurs droits en tant que femme ainsi que de leur vie de tous les jours. L’Ifop pour ELLE a interrogé les Françaises sur le regard qu’elles portent sur leurs droits suite à une probable incarnation de la première force politique française par le Rassemblement National.
1 – La crainte d’un « backclasch » avec la montée en puissance du RN au Parlement est partagée par une majorité de Françaises : 54% des femmes interrogées pensent qu’un Rassemblement National fort au parlement entraînera des conséquences négatives sur le respect des droits des femmes et sur la lutte contre le sexisme. Les femmes les plus jeunes, les plus féministes et les plus progressistes (à gauche idéologiquement) sont les plus inquiètes à ce sujet.
2 – Dans le détail, les Françaises craignent surtout que cette montée en puissance du Rassemblement National se fasse au détriment de la lutte contre la lesbophobie (66%), contre les stéréotypes de genre (59%) ou contre les conditions d’accès à la contraception et l’VG (60%). La position récente du parti de Marine Le Pen sur cette question ne semble pas convaincre la gent féminine sur ses intentions en la matière. En revanche, elles ne craignent pas particulièrement une baisse de la vigilance des autorités, particulièrement en matière de lutte contre le harcèlement de rue – 49% considèrent l’arrivée du Rassemblement National en tant que première force politique comme positive sur ce point -, de même sur les violences sexistes ou sexuelles (47%) ou encore le harcèlement sexuel au travail (48%), sans doute en raison du positionnement sécuritaire du parti en général.
3 – De manière générale, la gent féminine est plutôt inquiète vis-à-vis des minorités de genre ou sexuelles telles que les lesbiennes ou les personnes transgenres. Près des trois quarts des Françaises interrogées craignent qu’un Rassemblement National puissant au parlement entraîne des conséquences négatives sur les conditions d’accès à la PMA (72%), sur les droits des personnes transgenres (74%) ou sur le droit à l’adoption pour les couples homosexuels (76%). En revanche, les Françaises ne sont pas particulièrement inquiètes sur la question de la lutte contre l’accès à la pornographie (48% de mentions négatives), ou sur certains problèmes touchant particulièrement les minorités ethniques ou religieuses (54%), comme les mariages forcés (50%) où les mutilations sexuelles (53%).
4 – La crainte d’un backlash se traduit pour les Françaises par une inquiétude très largement partagée en ce qui concerne le discours que le gouvernement pourrait avoir sur les rôles de genre. Ainsi, les deux tiers des femmes craignent que le Rassemblement National au pouvoir favorise un discours conservateur valorisant les rôles traditionnels de la femme auprès de ses enfants ou de son foyer (65%). Une majorité craint également que ça se traduise par un climat masculiniste (57%), ou viriliste favorisant les différentes formes de domination patriarcale (54%).
5 – Le Rassemblement National n’est pourtant pas le seul acteur politique à susciter des inquiétudes chez les Françaises. Une des surprises de l’enquête, c’est qu’un autre leader populiste est perçu comme non-féministe : les deux tiers des Françaises (65%) estiment que le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon n’est pas féministe, soit le taux le plus élevé de la dizaine de personnalités politiques testées. Les leaders situés à la droite de la droite apparaissent ensuite comme les moins féministes, comme Jordan Bardella (51%), Éric Ciotti (51%) ou Marine Le Pen (45%). À noter qu’Emmanuel Macron, prônant la lutte contre le sexisme comme un des principaux engagements de son premier quinquennat apparaît féministe que pour une femme sur quatre (28%), contre une sur deux ne le jugeant pas féministe (49%).
Cliquez ICI pour lire l’article de ELLE consacré à l’étude
