L’étude Ifop / Sanofi Genzyme montre que l’eczéma atopique n’est pas qu’une maladie de peau ayant pour seul effet des désagréments physiques. Il apparaît que cette maladie a des répercussions graves sur la santé psychique et la vie sociale des Français qui en souffrent. Son impact sur leur estime de soi comme sur leur image auprès des autres provoquent des phénomènes à la fois d’auto-exclusion et de discrimination dans leur vie sociale, professionnelle ou sexuelle. L’étude Ifop Sanofi Genzyme révèle le désarroi des Français face à cette maladie qu’ils connaissent peu et sur son impact dans la vie de tous les jours. Cette maladie complexe et d’origine multifactorielle retentit sur toutes les dimensions de la vie des malades et de leur entourage et peut les plonger dans l’isolement et la souffrance.
La dermatite atopique : une maladie très répandue encore mal connue des Français
Plus d’un Français sur trois (34%) a déjà été affecté par de l’eczéma au cours de sa vie, ce qui en ferait d’après cette enquête, la troisième maladie chronique de peau la plus répandue en France après l’acné (59%) et les mycoses (43%). Certaines strates de la population y sont plus exposées, notamment les femmes (38%, contre 28% des hommes), les jeunes (38% des moins de 25 ans), les catégories populaires (37% des ouvriers, contre 30% des cadres) et les habitants des grandes agglomérations (37% des habitants de l’agglomération parisienne, contre 29% des ruraux).
Une connaissance approximative du grand public
Malgré la prévalence assez élevée de cette maladie, son niveau de connaissance reste encore assez flou. Certes, 61% des Français déclarent savoir ce qu’est la dermatite atopique mais ils sont à peine un sur quatre (25%) à voir « précisément de quoi il s’agit ». Ce niveau de connaissance de la maladie est encore plus faible (15%) parmi les personnes n’ayant jamais été affectées personnellement par de l’eczéma.
Une méconnaissance de la maladie qui favorise le recours à des pratiques alternatives
Aujourd’hui, le généraliste reste leur premier interlocuteur (79%), devant le dermatologue exerçant en ville (65%) ou à l’hôpital (27%). Cependant, plus d’un malade sur trois n’est jamais allé consulter un dermatologue (34%). La plupart des patients souffrant d’un eczéma mal contrôlé n’ont jamais vu un dermatologue à l’hôpital (63%), pourtant seul professionnel expert de leur maladie, habilité à prescrire certains traitements.
Ce manque d’information et l’impression qu’il n’y a pas de solutions médicales face à leur maladie incitent une proportion élevée de malades à se tourner vers des pratiques non conventionnelles, 33% d’entre eux ont déjà eu recours aux médecines alternatives. Les plus populaires semblent être les magnétiseurs (18%), devant les acuponcteurs non-médecins (16%) et les marabouts ou autres « guérisseurs » (15%).
Un impact physique associé à une détresse psychologique, source de dépression
Les désagréments physiques liés à la sécheresse cutanée ou aux lésions inflammatoires sont lourdes de conséquences… Ainsi, près des deux tiers des malades actuels d’eczéma (63%) rapportent que cette maladie a un impact négatif sur leur qualité de vie, le grattage est le symptôme le plus gênant. Parmi les malades qui se grattent plus de 11 fois par jour, 87% relatent son impact négatif sur leur bien-être physique.
Mais l’eczéma ne se réduit pas qu’à la gêne physique : plus des deux tiers des malades actuels rapportent un impact négatif de la maladie sur leur moral (69%) autant que sur leur niveau de confiance en soi (68%). Dans le détail, il apparaît que l’eczéma ébranle tout particulièrement la confiance en soi des catégories de la population apportant le plus d’importance à leur apparence, à savoir les femmes (63%) et les jeunes de moins de 25 ans (73%).
L’eczéma a un impact sur la vie sociale des malades qui peut aller jusqu’à l’auto-exclusion ou l’exclusion et même le harcèlement
L’eczéma rend les patients plus vulnérables psychologiquement, ce qui altère leur vie sociale au point qu’une majorité des malades (52%) rapportent s’être eux-mêmes exclus d’au moins une activité de loisirs, sociale ou professionnelle au cours de leur vie. Paradoxalement, plus des trois quarts (77%) de ces malades déclarent bien vivre avec leur maladie.
Près de la moitié des malades d’eczéma (45%) ont déjà fait l’objet d’une forme d’exclusion ou d’opprobre de la part de leur entourage, ce rejet touchant tout particulièrement les jeunes et les catégories populaires. La forme d’opprobre ressentie par le plus grand nombre de patients est l’injonction de s’arrêter de se gratter (36%).
26% des personnes ayant déjà été affectées par de l’eczéma ont déjà fait l’objet d’au moins une forme d’harcèlement ou d’agression d’ordre verbal ou visuel (ex: moqueries désobligeantes, regard de dégout, harcèlement moral, insultes, etc.) en raison de leur eczéma: 38% des patients ayant un eczéma visible rapportant une forme de harcèlement ou d’agression.
LE POINT DE VUE DE FRANÇOIS KRAUS, DIRECTEUR DU POLE « ACTUALITES » A L’IFOP
Mettant en évidence le caractère protéiforme des effets de l’eczéma sur ses victimes, cette enquête a le mérite de rappeler que cette maladie trop longtemps banalisée ne se réduit pas qu’à quelques désagréments physiques. En ébranlant la confiance en soi des malades autant que leur image auprès des autres, cette maladie cutanée chronique génère souvent un sentiment de honte et des phénomènes d’exclusion altérant de nombreux pans de leur vie quotidienne (sociabilité, sexualité, vie professionnelle) avec une ampleur souvent sous-estimée par les observateurs et les pouvoirs publics. Sur ce plan, l’apport de l’étude s’avère particulièrement instructif sur la capacité de l’eczéma, comme d’autres problèmes de santé chroniques (ex : handicap…), à générer des phénomènes de rejet, d’agressions et de discriminations dans différents aspects de la vie. Or, ce « stigmate » à la fois psychologique et social contribue d’autant plus à alourdir le fardeau physique de la pathologie que celle-ci fait l’objet d’une prise en charge souvent insuffisante, voire de certaines formes d’errance médicale pouvant aller jusqu’au charlatanisme. Au regard de l’ampleur des effets psychologiques et sociaux de cette maladie, la lutte contre le manque d’information sur la maladie, le vécu de ses malades et les bonnes manières de la traiter apparaissent donc non seulement comme un enjeu de santé publique mais également comme un impératif moral.
François Kraus – Directeur du pôle Politique/Actualité
Tel : 06 61 00 37 76