Dans un climat de crise économique et sociale, François Hollande et le gouvernement ont annoncé des hausses d’impôts pour les foyers fiscaux français les plus riches. Le jugement des Français sur le niveau d’imposition de ces contribuables apparaît partagé et suggère quelques paradoxes.
Les Français jugent en majorité que le niveau d’exil fiscal des ressortissants du pays est en hausse par rapport aux précédentes années. 59% considèrent en effet que le nombre d’exilés pour des raisons fiscales est plus important qu’il y a quelques années, tandis que 33% estiment que le phénomène est stable et 2% qu’il régresse.
Mais les opinions sont éparses au sujet du niveau de prélèvement global, impôts directs et indirects, des personnes les plus riches. Si 41% des personnes interrogées jugent qu’il est trop élevé, ce qui a pour conséquence en outre d’inciter à l’exil fiscal, 30% considèrent qu’il n’est pas suffisamment élevé et ne permet pas de corriger les inégalités, et 29% qu’il est adapté. Ce résultat contraste avec une précédente mesure d’avril 2010 où la proportion de personnes regrettant un système fiscal insuffisamment redistributif était alors majoritaire (54%).
Dans ce contexte de crise économique et sociale, les Français jugent légitime à une forte majorité de demander une contribution plus élevée aux ménages les plus riches (81%). Pour autant, la décision de certaines personnes de s’exiler fiscalement suscite des réactions diverses. 54% des personnes interrogées estime que compte-tenu du niveau des impôts que payent aujourd’hui en France les personnes les plus riches, il est compréhensible que certains d’entre eux partent s’installer à l’étranger, tandis que 46% adoptent une position inverse. L’annonce du départ de Gérard Depardieu en Belgique ces derniers jours en est un exemple. Sa décision est comprise par 40% des Français, tandis que 35% en sont choqués et 25% y sont indifférents.
Sur l’ensemble de ces questions, opère un véritable clivage politique parmi les personnes interrogées. Les sympathisants de gauche s’opposent aux sympathisants de l’UMP qui regrettent un système fiscal jugé comme incitant à l’exil fiscal et comprennent à une très forte majorité les personnes choisissant l’exil fiscal. Les sympathisants du Front National adoptent une position plus nuancée.
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