Les résultats de la deuxième vague du baromètre de la Fondation AESIO témoignent d’une dégradation du sentiment de bien-être mental des Français par rapport à l’année dernière
- Comme en 2021, les Français considèrent de façon presque unanime que « le bien-être mental est tout aussi important que le bien-être physique » (95%, + 1 point par rapport à 2021) et qu’il « est essentiel pour être en bonne santé » (94%, =). Mais dans un contexte où les préoccupations se concentrent principalement autour du pouvoir d’achat, ils ont moins qu’avant la sensation que « chaque individu a le pouvoir d’agir en faveur de son bien-être mental » (77%, -9 points) et constatent surtout une dégradation de ce dernier : ils sont désormais moins de 4 sur 10 à estimer que leur état de santé mental est très bon (39% l’estiment très bon ou excellent, -4 points) tandis que 23% (+4 points) l’estiment moyen ou mauvais. Il convient de souligner que, comme l’année dernière, les hommes ont tendance à juger leur état de santé mentale plus positivement (45% excellent ou très bon) que les femmes (33%).
- Pourtant, la proportion de Français déclarant avoir été en souffrance psychique au cours des 12 derniers mois (57%, -3 points) se tasse légèrement par rapport à l’année dernière. Cette baisse est à interpréter à la lumière de l’actualité 2021, à savoir une année fortement marquée par la reprise de la crise du coronavirus et les annonces cadencées de mesures privatives de libertés. Le profil type de la personne en situation de souffrance psychique n’a en revanche pas évolué par rapport à l’année dernière : cela concerne davantage les femmes de moins de 50 ans et faisant partie des catégories les plus modestes.
- En 2021, 6 Français sur 10 estimaient que l’actualité était susceptible de dégrader leur bien-être mental, et notamment les menaces pesant sur l’environnement et le réchauffement climatique (21%, 3ème actualité générant le plus d’anxiété)3. Allant en ce sens, un peu plus d’un Français sur 2 (55%) a le sentiment de souffrir d’éco-anxiété, même si seulement 12% semblent touchés « de façon régulière ». Il est intéressant d’observer que, contrairement aux idées reçues, les plus jeunes sont les moins préoccupés par le sujet (42%-43%).
Un tiers des Français souhaiteraient être davantage attentifs à leur bien-être mental au quotidien
- Un tout petit peu plus d’une personne interrogée sur 2 (51%, +1 point) a le sentiment d’être attentive à son bien-être mental au quotidien. Ces Français considèrent qu’accorder de l’attention à son bien-être mental est avant tout essentiel pour être en bonne santé (71%). Dans un deuxième temps, un tiers évoque un épisode de souffrance psychique passé qui les a poussés à être plus vigilant (36%).
- A l’inverse, les Français qui souhaiteraient être davantage attentifs à leur bien-être mental (36%) ne lui accordent pas assez d’attention principalement par manque de temps (29%, -2 points) et d’argent (29%, +7 points), cette dernière justification augmentant fortement dans une conjoncture économique particulièrement difficile pour le pouvoir d’achat des ménages. Beaucoup semblent également juger le sujet secondaire, qu’ils n’aient pas le réflexe de prêter attention à leur bien-mental (25%) ou qu’ils aient toujours quelque chose de plus important à faire (24%). Notons également que plus d’un cinquième affirme ne pas savoir comment s’y prendre (23%).
- Justement, quelles sont les actions mises en œuvre par les Français pour améliorer leur bien-être mental ? Si pour une courte majorité de Français (51%) cela passe par sortir avec ses proches, la connexion à la nature (37%) et la découverte de nouveaux horizons (34%) sont également très citées. L’impact positif de la nature sur le bien-être mental est en outre largement reconnu par les répondants : 84% estiment que les moments qu’ils y passent ont des effets positifs sur leur bien-être mental ou leur santé en général (82%).
La souffrance psychique : un sujet de plus en plus tabou ?
- Les Français ont globalement beaucoup de mal à aborder le sujet de la souffrance psychique et 73% d’entre eux jugent le sujet tabou aujourd’hui en France (+4 points). D’ailleurs, beaucoup méconnaissent en effet l’ampleur du phénomène : 49% des Français sous-estiment la proportion de personnes touchées par des troubles psychiques (une personne sur 4 selon l’OMS).
- Plus précisément, invités à attribuer une note sur une échelle de 1 à 10 afin d’évaluer leur difficulté à parler du sujet avec différentes personnes, 1 signifiant qu’il est très difficile d’en parler et 10 qu’il est très facile de le faire, ils n’attribuent jamais une note moyenne supérieure à 5/10. Ainsi, si l’entourage médical apparaît, comme l’an dernier, l’interlocuteur avec qui il est le moins délicat d’aborder le sujet (5,0/10, -0,4 point) – soit celui-ci est en baisse, tout comme l’entourage professionnel qui reste, lui, l’interlocuteur avec qui il est le plus difficile d’en parler (3,5/10, -0,5 point).
- Cette difficulté à aborder le sujet de la souffrance psychique est principalement liée, selon les répondants, à la peur du regard des autres (52%, -5 points) et à une fierté qui empêche d’admettre ses faiblesses (48%, -4 points), même si ces raisons sont moins prégnantes qu’en 2021. A contrario, et probablement en raison de la moindre médiatisation de la problématique du bien-être mental à l’heure où les inquiétudes liées aux confinements successifs laissent place à la nécessité de « boucler les fins de mois », la sensation qu’il s’agit d’un sujet trop secondaire est en hausse (38%, +4 points).
- Enfin, en dépit de la mise en place du dispositif « MonPsy » en avril dernier – qui permet de bénéficier de séances d’accompagnement psychologique avec une prise en charge par l’Assurance maladie – les Français jugent plus sévèrement la prise en charge de la santé mentale par le système de soin français que l’année passée : seulement 37% (-7 points) estiment ainsi qu’elle est bien prise en charge.