A l’occasion des Semaines de l’Information sur la Santé Mentale (SISM), l’IFOP dévoile la troisième vague de son baromètre sur le bien-être de Français pour la Fondation AESIO. En voici les principaux enseignements :
1. Le niveau de bien-être rapporté par les Français se stabilise en 2023
Cette année, près de 4 Français sur 10 décrivent leur état de santé psychique comme étant excellent ou très bon (38%), venant confirmer la tendance baissière observée l’année passée (-1 point par rapport à 2022, -5 points par rapport à 2021). A l’inverse, 23% jugent leur état de santé mentale moyen ou mauvais (+4 points vs 2021).
- Les catégories où les répondants déclarent être le plus en souffrance perdurent également, notamment s’agissant des femmes (27%) et des personnes les plus modestes (30%).
- En miroir, ce sont les hommes ainsi que les individus les plus aisés qui évaluent leur niveau de bien-être le plus positivement.
Interrogés sur leur vécu psychique au cours des 12 derniers mois, plus d’un Français sur deux rapporte l’expérience d’un (ou plusieurs) épisode(s) de souffrance (56%) – une proportion en légère baisse depuis 2021 du fait d’une diminution de personnes avec des épisodes occasionnels (-5 pts). A l’instar du niveau d’auto-évaluation de l’état de santé mentale, les femmes (63%), les catégories modestes et pauvres (63%) mais également les célibataires (62%) témoignent davantage de cette expérience.
A l’origine de cette souffrance psychique le plus souvent : la charge mentale (pour 64% des répondants) – professionnelle (32%) mais surtout personnelle (50%) ! – , bien avant le souvenir d’un traumatisme (27%), ou encore des situations de violence/harcèlement (17%). De telle sorte que finalement, la présence d’un trouble psychique déjà diagnostiqué ne concerne que 16% des répondants.
2. Malgré une reconnaissance globale de l’enjeu de la santé mentale, les Français sont loin d’être tous attentifs à leur propre état psychique….
- Depuis 2021, on observe un large consensus autour de l’idée que le bien-être mental est essentiel pour la santé en général (94%) et que la souffrance psychique peut concerner tout le monde (93%). De plus, davantage de répondants ont connaissance des statistiques liées à la souffrance psychique (plus précisément, le fait qu’une personne sur quatre fera face à un épisode de souffrance mentale au cours de leur vie) : la part des connaisseurs est passée de 38% en 2021 à 44% en 2023.
- Pourtant, seule la moitié des Français se déclare attentive à son bien être mental au quotidien (53%). Les Français qui, au contraire, n’y prêtent pas attention (47%) expliquent le plus souvent qu’ils ont tendance à se mettre de côté : car ils assument une charge mentale trop importante (28%), ils manquent de temps pour eux (25%) ou ils n’ont pas le réflexe.
- De fait, ce sont souvent les populations les plus occupées ou les moins aidées qui sont les moins vigilantes à leur état de santé mentale : les catégories pauvres sont 62% à ne pas y porter attention (VS 27% des plus aisés), les personnes avec au moins deux enfants (58% vs 44% des personnes sans enfant).
3. … Et le tabou de la santé mentale persiste
Le bien-être mental n’est pas un sujet aisément abordable de manière générale : 8 Français sur 10 estiment qu’il est difficile d’en parler (81%), et 7 sur 10 le voient même comme un sujet tabou en (73%).
Le niveau de difficulté perçu par les sondés à parler de santé mentale varie toutefois significativement en fonction des interlocuteurs :
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- Les interlocuteurs auxquels les répondants ont le plus de facilité à se confier sont les pairs – les personnes souffrant des mêmes troubles – et le personnel médical : ce sont les deux catégories ayant obtenu une moyenne supérieure à 5/10 (10 étant l’interlocuteur le plus accessible / où le dialogue est le plus aisé).
- A l’inverse, les sondés jugent difficile voire très difficile de se confier à leur entourage professionnel (à 91%).
A noter qu’aucune de ces catégories ne dépasse la note moyenne de 5,3/10 : autrement dit, quel que soit l’interlocuteur concerné, le sujet reste très difficile à aborder.
En cause, la peur du regard des autres (53%) et une forme de pudeur (l’idée qu’il est difficile d’admettre ses faiblesses est partagée par 47% des répondants) qui peuvent dans certains cas retarder l’accompagnement.
4. L’amélioration de la prise en charge demeure ainsi un enjeu prioritaire
Près de 2 Français sur 3 pensent que la santé mentale est mal prise en charge par le système de soins français aujourd’hui (62%) ; un sentiment partagé en grande partie par les femmes (66%), les habitants de commune rurale (69%) et ceux qui ont été directement concerné par une souffrance psychique (notamment 70% des personnes diagnostiquées).