Dans un contexte marqué par de nombreux plans sociaux et une forte tension entre l’exécutif et la rue, principalement dans le cadre des mobilisations des opposants au « mariage pour tous », le sondage Ifop pour Dimanche Ouest France révèle que sept Français sur dix (70%) estiment aujourd’hui que la France pourrait connaître une explosion sociale au cours des prochains mois, soit une proportion en hausse de 4 points en quatre ans (66% en avril 2009). On remarque que ce risque est jugé certain par près d’un Français sur cinq (19%) alors que ceux qui le réfutent le plus (en répondant que l’explosion sociale n’arrivera « certainement pas ») ne représentent que 4% de la population.
Dans le détail des résultats, si aucun clivage de sexe ou d’âge ne semble se dessiner, l’appréhension du risque d’explosion sociale en France apparaît liée à la catégorie socioprofessionnelle, à la région d’habitation ainsi qu’à la proximité politique. Ainsi, les ouvriers se montrent plus nombreux qu’en moyenne à s’attendre à une explosion sociale (à 81%, soit 11 points de plus que l’ensemble des Français), les professions libérales et cadres supérieurs semblant quant à eux plus dubitatifs quant à la survenue d’un tel événement (seuls 57% le redoutent pour les prochains mois). L’écart de pronostic entre les cadres supérieurs et les ouvriers est donc important (24 points) et s’est creusé par rapport à 2009, car si l’anticipation d’une explosion sociale est demeurée stable parmi les cadres (55%, contre 57% aujourd’hui), elle a progressé parmi les ouvriers (70%, contre 81% aujourd’hui).
Les habitants du Grand Ouest, région pourtant traditionnellement modérée, s’illustrent également puisque 77% d’entre eux envisagent l’arrivée d’un tel événement dans les prochains mois. Enfin, le « peuple de droite » apparaît bien plus préoccupé par le risque d’explosion sociale que les sympathisants de gauche (respectivement 80% contre 54%). Ces résultats sont inverses à ceux observés en 2009, époque où la gauche anticipait plus que la droite une explosion sociale. Ce renversement s’explique d’une part par un réflexe partisan (les sympathisants du parti au pouvoir minorant les risques de tension sociale quand les soutiens de l’opposition sont plus enclins à l’anticiper) et d’autre part sans doute par les manifestations contre le mariage pour tous, qui ont fortement mobilisé et radicalisé l’électorat de droite. Enfin, on observe qu’au sein de chaque famille politique, le pronostic d’une explosion sociale en France tend à augmenter à mesure qu’on s’approche des extrêmes : 89% des sympathisants du Front National jugent ce risque réel, contre 79% à l’UMP, et 64% des sympathisants du Front de Gauche, contre « seulement » la moitié des proches du Parti Socialiste (51%).
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