Les Français seraient majoritairement prêts au « big bang territorial », selon l’étude réalisée par l’Ifop pour Sud Ouest Dimanche à la suite des annonces, en ce sens, du nouveau Premier ministre. Ainsi, 60% d’entre eux se disent favorables à la suppression des conseils généraux, et 60% (exactement la même proportion) sont favorables à ce qu’il n’y ait plus que onze régions en France, au lieu de vingt-deux actuellement.
Concernant la suppression des départements, on assiste à un renversement complet de l’opinion en quelques années, puisqu’en octobre 2008, alors que la droite était au gouvernement, une enquête, qu’avait déjà réalisée l’Ifop pour Sud Ouest Dimanche sur ce sujet, avait montré que seuls 39% des Français y étaient favorables, contre 59% qui y étaient opposés. L’approbation d’une telle réforme a donc progressé, en un peu plus de six ans, de 21 points, et le rapport de force s’est totalement inversé.
La question du déficit public n’ayant cessé de monter dans le débat depuis 2008, le fait que le coût engendré par le maillage complexe du territoire et les doublons administratifs soit de plus en plus pointé du doigt a sans doute fortement contribué à ce retournement des mentalités. Sous l’effet d’une crise économique prolongée, l’idée de supprimer un échelon du « millefeuille » a fait son chemin dans l’opinion. Les Français sont prêts aujourd’hui à une réforme territoriale d’ampleur qui, bien que souvent annoncée depuis les années 1990, n’a jamais été réalisée. C’est pour cette raison qu’ils approuvent également, en plus de la suppression de l’échelon départemental, le projet de regrouper les régions pour, en définitive, en diviser le nombre par deux.
Si l’idée de supprimer les conseils généraux est approuvée majoritairement par l’ensemble des Français, quelles que soient leurs sympathies politiques (à l’exception des sympathisants du Front de Gauche qui sont tout de même 44% à y être favorables), il est intéressant d’observer que ce projet, relancé cette semaine par un Premier ministre socialiste, reçoit une plus grande approbation des sympathisants PS que des sympathisants UMP (73% contre 63%), soit un rapport de force qui s’est également inversé par rapport à 2008, lorsque la droite était aux responsabilités (51% des sympathisants UMP y étaient alors favorables, contre 29% des sympathisants PS). Au total, l’adhésion à cette mesure a progressé de 12 points dans l’électorat UMP, déjà majoritairement acquis, et de… 44 points dans l’électorat socialiste. Ce mouvement spectaculaire ne s’explique pas uniquement par un réflexe de positionnement partisan conditionné par la couleur politique du gouvernement portant ce projet, il témoigne d’une évolution assez profonde de l’opinion des sympathisants socialistes sur le sujet. Cette évolution contribuant à elle seule à expliquer une bonne partie du basculement constaté dans l’ensemble de la population.
Par ailleurs, s’ils sont eux aussi majoritairement favorables à la suppression des conseils généraux, les habitants des communes rurales – qui pourraient avoir le plus à craindre de la fusion des départements et des régions – le sont moins que les habitants des grandes villes. « Seuls » 51% d’entre eux approuvent l’idée d’une telle réforme, contre 63% des habitants des agglomérations de 100 000 habitants et plus, et 66% des habitants de l’agglomération parisienne. Ce même clivage est également à l’œuvre sur la question de la réduction de moitié du nombre des régions : 54% des habitants des communes rurales sont pour, contre 61% des habitants des agglomérations de 100 000 habitants et plus, et 70% des habitants de l’agglomération parisienne.
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