Les violences en marge de la manifestation parisienne du 14 juin, qui ont été abondamment commentées et médiatisées, n’ont manifestement pas eu d’effet sur le regard que les Français portent sur la mobilisation contre la loi Travail. En effet, d’après l’enquête Ifop pour Dimanche Ouest France, 60% des personnes considèrent ce mouvement comme « justifié », soit un score identique à celui enregistré dans un autre sondage réalisé début juin (59% dans l’enquête du 6 au 8 juin).
On peut penser que le gouvernement, engagé dans un bras de fer avec la CGT, comptait sur un retournement ou à défaut sur une érosion du soutien ou de la bienveillance de l’opinion vis-à-vis de la contestation. Or, ce phénomène ne s’est pas produit ni à la suite du blocage des raffineries et des dépôts de carburants (la proportion de personnes jugeant le mouvement « justifié » restant quasiment stable en passant de 65% à 62% entre les 19-20 mai et les 23-25 mai), ni à l’annonce de la poursuite des grèves et des manifestations au lancement de l’Euro de football (59% de réponses « justifié » les 6-8 juin contre 61% les 30 mai-1er juin), ni donc suite aux nouvelles scènes de violence de ces derniers jours.
Du strict point de vue des dynamiques d’opinion, le mouvement de contestation peut donc être amené à durer encore quelque temps dans la mesure où la bienveillance à son égard demeure majoritaire et où une frange importante de la population affiche toujours un soutien franc, 29% des Français estimant ce mouvement « tout à fait justifié » contre 17% le jugeant « pas du tout justifié ».
Sans surprise, l’électorat du Front de Gauche est le plus en soutien avec 90% de réponse « le mouvement est justifié », dont 60% de « tout à fait justifié ». Mais, difficulté supplémentaire pour le gouvernement, 49% des sympathisants du PS estiment également que la contestation contre la loi Travail est « justifiée ». A droite, on observe un très net clivage entre des sympathisants des Républicains très majoritairement hostiles au mouvement (63% de « pas justifié ») quand l’électorat frontiste est massivement en soutien : 78% de « justifié », dont 47% de « tout à fait justifié ».
Le mouvement de contestation de la loi El Khomri peut également compter sur la bienveillance des catégories populaires (qui craignent une diminution des majorations des heures supplémentaires et surtout l’assouplissement des conditions de licenciement) puisque 82% des ouvriers et 71% des employés considèrent cette mobilisation « justifiée », cette proportion s’établissant à 64% auprès des professions intermédiaires et à 55% chez les CSP+, moins inquiètes face à une libéralisation du marché du travail.
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