A la faveur du débat animé qui s’est déroulé ces derniers mois, le niveau de connaissance sur le dossier du gaz de schiste a sensiblement progressé dans l’opinion publique. 53 % des Français déclarent ainsi avoir déjà entendu parler du gaz de schiste et savoir de quoi il s’agit, soit une hausse de 9 points par rapport à la précédente enquête réalisée en août dernier. La proportion de personnes en ayant seulement entendu parler sans savoir vraiment de quoi il s’agit demeure stable à 39 % (-1 point) et ceux qui n’en ont jamais entendu parler ne sont plus que 8% (contre 16% il a 6 mois). Si le débat et les différentes prises de position des responsables politiques et économiques ont fait rapidement progresser la connaissance de ce dossier, le regard porté par l’opinion publique sur le gaz de schiste a, sur certaines dimensions tout du moins, également sensiblement évolué en quelques mois. En effet, si les nuisances environnementales sont toujours évoquées en premier lieu et dans les mêmes proportions (c’est-à-dire très élevées) qu’en août dernier, les retombées positives apparaissent mieux identifiées :
94 % des personnes déclarant connaître le gaz de schiste sont d’accord avec l’idée que l’exploitation de cette ressource consomme de très grandes quantités d’eau, 90 % qu’elle contribue à la pollution des nappes phréatiques par les produits chimiques utilisés et 85 % qu’il s’agit d’une technique que l’on maîtrise mal.
Mais, parallèlement à ces réserves massives (et très installées) relatives aux implications environnementales de la fracturation hydraulique, on enregistre des progressions assez marquées sur les items ayant trait au potentiel économique et géostratégique des gaz de schiste. 74 % des personnes déclarant connaître le dossier approuvent l’idée que l’exploitation des gaz de schiste augmenterait l’indépendance énergétique du pays, soit une progression de 13 points par rapport à août dernier. La hausse est plus marquée encore sur l’item (central en cette période de crise) : « l’exploitation du gaz de schiste permettrait de créer de nombreux emplois en France » qui recueille désormais 71 % d’adhésion, soit une hausse de 15 points. Le mouvement est également important sur la limitation sensible du recours à d’autres énergies comme le nucléaire (60 %, +12 points) et sur la baisse ou la limitation de la hausse du prix du gaz payé par le consommateur (59 %, +11 points), dimension également très sensible dans un contexte de tension sur le pouvoir d’achat. Enfin, 74 % des connaisseurs (en hausse de 7 points) estiment que les ressources en gaz de schiste sont importantes en France.
L’adhésion à des autorisations de forages expérimentaux visant à évaluer les stocks est désormais majoritaire. 58 % des Français connaissant le sujet y seraient favorables, cette proportion étant en hausse de 10 points par rapport à la précédente enquête. Les sympathisants écologistes demeurent très opposés (26 % seulement de favorables). En revanche, la progression est très nette (+ 20 points) parmi les soutiens du PS, désormais acquis pour 60 % d’entre eux à des forages d’évaluation des stocks, ainsi qu’auprès des sans sympathie partisane (57%, + 19). Parmi les proches de l’UMP, la hausse est plus modeste (+ 6 points) mais ce sont désormais 76 % d’entre eux qui seraient favorables à cette option.
Dans un contexte où une part croissante de Français adhèrent à l’idée que l’exploitation du gaz de schiste pourrait s’accompagner de retombées positives très intéressantes (notamment en termes économiques) et que, dans le même temps, la fracturation hydraulique demeure très négativement perçue, 80 % des personnes déclarant connaître le sujet, seraient favorables à l’expérimentation d’une technologie alternative qui ne nécessiterait ni eau ni produits chimiques (dont 40 %, un score élevé, « tout à fait favorables »). Aux yeux de cette très large majorité de Français, cette solution permettrait ainsi de bénéficier des avantages sans pâtir des nuisances environnementales, ce scénario parvenant à emporter l’adhésion de 56 % des sympathisants écologistes, pourtant actuellement très mal disposés vis-à-vis du gaz de schiste.
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