Populaire par la masse de gens qui y ont recours et par leur profil économique, le financement participatif pour des produits culturels apparaît aujourd’hui solidement ancré au sein de la population française. A l’occasion du crowdfunding du manga Venus Wars de Yoshikazu Yasuhiko chez naBan Éditions, l’Ifop s’est intéressé au regard des Français sur le financement participatif en interrogeant un échantillon de 2 000 personnes. Morale de l’histoire : dans le domaine culturel, le crowdfunding pèse toujours.
KissKissBankBank, Kickstarter, Ulule… Si la folie du financement participatif de projets culturels ne fait plus une des médias, force est de constater que la pratique s’est solidement ancrée en France. Tout d’abord parce qu’elle est connue de la moitié de la population : 51% des Français déclarent avoir déjà entendu parler du financement participatif (ou crowdfunding), dont presque un tiers (30%) voit même précisément de quoi il s’agit.
On observe cependant que, bien qu’elle soit massive, la notoriété du financement participatif n’a rien d’homogène au sein de la population. Comme on pourrait s’en douter, elle se trouve fortement corrélée à l’âge des répondants : si 59% des 18-24 ans ont déjà entendu parler de crowdfunding, cette proportion fond avec l’âge pour n’atteindre plus que 46% chez les 65 ans et plus. De manière plus inattendue, un clivage de genre émerge : 59% des hommes se déclarent au fait du financement participatif, contre seulement 44% des femmes. A la croisée de ces deux déterminants, on relève donc que le crowdfunding apparaît comme une matière particulièrement connue des jeunes hommes (66% des hommes de moins 35 ans) ainsi que des plus aisés (72%) et des habitants de l’agglomération parisienne (61%).
Le financement participatif se révèle d’autant plus ancré en France qu’une part non négligeable de la population s’y est déjà essayée : 17% des Français quel que soit le domaine, et 15% pour des produits culturels spécifiquement (œuvres, spectacles, etc.). Une part « non négligeable » car bien que minoritaires, les 15% de « contributeurs » représentent tout de même 7 à 8 millions de Français ! La part des financeurs « actifs » (l’ayant été au cours des douze derniers mois) représentent quant à eux 6% de la population, soit 2,5 à 3,5 millions de personnes en France.
Dans le détail, la structure de la population des financeurs participatifs ressemble fortement à celle des simples connaisseurs (hommes, jeunes, cadres, Franciliens…), à une exception près. En effet, les « contributeurs » sont surreprésentés chez les catégories pauvres (22%, contre 15% en moyenne), preuve que le financement participatif de produits culturels est non seulement accessible mais revêt aussi, en période d’inflation et d’arbitrages financiers, un caractère éminemment « militant ».
Enfin, quel montant les financeurs ont-ils investi en moyenne en matière culturelle ? Premier enseignement : ce montant apparaît fortement distribué, avec 10% des financeurs contribuant en moyenne à hauteur de 10 euros ou moins, 18% de 11 à 20 €, 9% de 21 à 30 €, 19% de 21 à 50 €, 16% de 51 à 100 €, 17% de 101 à 500 € et 11% au-delà. Le montant médian s’élève ainsi à 50 €, frontière symbolique entre les « gros » et les « petits » financements participatifs culturels. Le montant moyen, lui, atteint 233 €, porté par quelques segments de population plus dépensiers comme les jeunes hommes (421 € chez les hommes de moins de 35 ans), la tranche d’âge des jeunes actifs (437 € chez les 25-34 ans), les professions intermédiaires (513 €) ou encore les habitants de l’agglomération parisienne (309 €). A cet égard, les catégories de population les plus contributrices dessinent un portrait-type du « contributeur » en décalage avec celui des plus favorisés économiquement : une preuve que le financement participatif en matière culturelle est moins lié aux moyens financiers… qu’à des projets de cœur.