Pour la septième année consécutive, l’Ifop et la Fondation 30 Millions d’Amis se sont intéressés à l’opinion des Français au sujet d’un certain nombre de propositions destinées à favoriser le bien-être des animaux. L’étude, qui montre l’implantation massive du souci du bien-être animal chez les Français, voit cette année la consolidation de ces perceptions, voire leur basculement dans le registre de « l’évidence » tant la population se montre sensible au bien-être animal, à la fois majoritairement et dans la durée.
Le bien-être animal aujourd’hui en France : une situation en léger progrès aux yeux des Français
Aujourd’hui, 48% des Français (+3 points en un an) estiment que la loi défend bien les animaux, 44% (+2) concernant les juges et tribunaux, et 37% pour les politiques (+2). Des hausses sensibles qui contribuent à une exception près à faire de ces résultats des records… mis à part les chiffres nettement supérieurs de 2022, année marquée par l’adoption récente de la « loi animaux ». Abstraction faite de cette embellie particulièrement conjoncturelle, on observe donc une progression dans le temps de l’appréciation de l’action des institutions à l’égard du bien-être animal. Toutefois, et c’est peut-être là l’enseignement majeur, c’est toujours une majorité des Français qui considère que la législation (52%), les juges et tribunaux (56%) ou encore les politiques (63%) défendent mal cette cause.
Plus généralement, on observe également une embellie dans le jugement sur le bien-être des animaux en France : 81% des Français (+2 points en un an) considèrent que celui des animaux de compagnie est assuré, devant les animaux de ferme (66%, +3) ou les animaux sauvages (48%, +3). Là encore, une fois le constat global posé, on relève une ambivalence des résultats : oui, les animaux de compagnie sont « bien » aujourd’hui en France, mais moins les animaux de ferme et surtout pas ceux dans la nature.
L’interdiction des sources de souffrance animale soutenue par une large majorité de Français
Après une année marquée par de très légers reculs sur l’adhésion à différentes mesures fortes en matière de bien-être animal, 2024 voit les Français se déclarer toujours massivement en faveur de l’interdiction de toute expérimentation animale (88%, stable), de l’élevage intensif (84%, +1), de la chasse à courre (79%, +2 et plus haut historique) et de la vente d’animaux de compagnie par petites annonces (76%, +2). L’adhésion à la stérilisation obligatoire des animaux de compagnie recule elle de 2 points pour s’établir à 62%, après une poussée de 5 points mesurée l’an dernier.
Concernant le sort des animaux d’élevage voués à l’abattage, les Français affichent une large volonté d’évolution des pratiques : 83% (=) des interviewés se disent favorables à ce que les animaux d’élevage soient abattus sur leur lieu d’élevage par des professionnels se déplaçant sur les exploitations plutôt qu’en abattoir, et 86% (+2 et plus haut niveau mesuré) estiment que « la pratique consistant à abattre des animaux en pleine conscience est inacceptable quelles que soient les circonstances ». Logiquement, la généralisation de la vidéosurveillance dans les abattoirs se révèle soutenue à 90% (-1).
Aussi, toujours plus de Français se déclarent favorables à la mise en place du dimanche non chassé : leur proportion s’élève aujourd’hui à 82%, soit 3 points de plus qu’en 2023 et pas loin du plafond mesuré en 2019 (84%). Invités à se prononcer sur d’autres mesures visant à sanctuariser les espaces naturels, les Français se montrent autant favorables : 81% approuvent l’idée que les vacances scolaires soient une période non chassée (+4), tout comme les week-ends et jours fériés (79%, +2). L’opinion des Français à l’égard de la limitation de la chasse en période de repos du grand public se montre sans appel : 72% adhèrent aux trois propositions à la fois (+1 point en un an).
L’importance accordée au bien-être animal continue de gagner du terrain
Alors que la loi vient d’évoluer sur ce sujet, 78% des Français se déclarent aujourd’hui favorables à l’interdiction de vendre tous les types d’animaux en animalerie, au-delà des seuls chiens et chats. Si cette adhésion se révèle ultra majoritaire, elle est surtout supérieure à celle mesurée par le passé, dans un contexte de durcissement récent de la législation, signe que ce dernier n’a pas été perçu négativement.
Après une forte réaction identitaire dans l’espace médiatique et un reflux important observé dans le cadre du baromètre, l’adhésion à l’interdiction de la corrida revient aux niveaux précédemment enregistrés en s’établissant aujourd’hui à 75% des Français (+4 points en un an), cette adhésion étant largement majoritaire chez les plus jeunes (79% des moins de 35 ans). Logiquement, une nette majorité de Français estime que faire souffrir des animaux au nom de certaines traditions locales n’est pas justifié (74%, +2).
Enfin, à quelques encâblures des prochaines élections européennes, une bonne moitié des électeurs (52%) avoue que les prises de positions ou mesures en faveur de la cause animale pourraient inciter à voter pour telle liste plutôt d’une autre. Une « manne électorale » encore plus présente chez les jeunes (67% des 18-24 ans), dont la mobilisation de dernière minute avait surprise en 2019. La « volatilité » de l’électorat en raison de la prise en compte du bien-être animal apparaît aussi majoritaire chez les proches de tous les partis, à l’exception notable des sympathisants des Républicains (39%) et de Renaissance (45%).