En septembre dernier, une enquête Ifop pour Sud-Ouest, avait montré que 60 % des Français étaient favorables à la taxe à 75 % pour les revenus dépassant 1 million d’euros. Cette étude avait été réalisée quelques jours après l’annonce de la demande d’acquisition de la nationalité belge par Bernard Arnault et la confirmation par François Hollande que cette taxe à 75 % serait bien mise en place. Quelles sont aujourd’hui les attentes de l’opinion publique vis-à-vis de ce dossier alors que le débat sur la fiscalité des personnes les plus riches a encore gagné en intensité avec l’affaire Depardieu et que le Conseil Constitutionnel a censuré ce projet le 29 décembre dernier ? Dans notre nouvelle enquête réalisée pour Dimanche Ouest-France, les Français apparaissent très divisés sur cette question. 53 % d’entre eux souhaitent ainsi « que le gouvernement propose un projet de taxe assez similaire tout en tenant compte des remarques du Conseil Constitutionnel, car en période de crise il est juste que les personnes les plus riches contribuent fortement par leurs impôts au redressement des comptes publics » contre 47 % qui attendent « qu’il abandonne ce projet car un niveau d’imposition trop élevé pousse les personnes les plus fortunées et des entrepreneurs à quitter notre pays ».
Si sous l’effet de la prise de position du Conseil Constitutionnel et de la polémique autour du départ de Gérard Depardieu, la part de ceux qui sont favorables à cette mesure a diminué par rapport à septembre dernier (passant de 60 % à 53 %), on constate néanmoins qu’une majorité de Français, 53 %, se positionnent encore en faveur de la mise en place d’une taxe assez similaire. Autre enseignement de l’enquête, cette mesure continue de cristalliser très fortement le clivage gauche-droite. Elle apparaît ainsi comme un véritable symbole, d’aucuns parleraient d’un « marqueur », et sur quasiment aucun autre sujet, les opinions des électeurs de gauche ne sont aussi diamétralement opposées de celles des électeurs de droite. Quand 81 % des sympathisants du PS sont favorables à ce que le gouvernement propose un nouveau projet de taxe, 84 % des soutiens de l’UMP souhaiteraient qu’il abandonne cette idée. Signe de leur forte hétérogénéité entre un courant très droitier et une frange plus sociale, les proches du FN sont, quant à eux, très divisés : 44 % sont en faveur d’un nouveau projet et 56 % pour un abandon.
On ne constate pas de différence significative sur les autres variables d’analyse qu’il s’agisse de l’âge, du sexe ou bien encore de la catégorie sociale. 53 % des professions libérales et cadres supérieurs sont favorables à un nouveau projet de taxe, soit à peine moins que les employés et ouvriers : 56 %. Cette homogénéité des réponses des différents groupes sociaux associée à la très forte divergence des points de vue entre sympathisants de gauche et de droite démontrent que nous sommes bien là en présence d’un sujet éminemment politique. Dans sa réflexion sur ce nouveau projet de taxe, le gouvernement devra donc répondre à la très forte demande à gauche (huit électeurs sur dix de François Hollande et de Jean-Luc Mélenchon souhaitant une nouvelle taxe) tout en tenant compte du fait que 59 % des Français (sondage Ifop pour le Figaro réalisé en décembre dernier) pensent que le nombre de personnes riches qui quittent actuellement la France pour des raisons fiscales est plus important qu’il y a quelques années.
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