Sur Internet comme ailleurs, il faut savoir « sortir couvert » ! Une maxime qu’il conviendrait de rappeler aux Français à l’occasion de la journée mondiale pour un Internet plus sûr (le 5 février), dont l’objectif est d’interpeller les jeunes internautes et leurs familles sur les droits, les devoirs et les responsabilités de chacun en ligne. A cette occasion, l’Ifop publie une enquête de référence réalisée pour le site Gridbus.org qui montre qu’en matière de nouvelles technologies, « démocratisation » ne signifie pas nécessairement « maîtrise » : majoritairement adeptes de comportements « à risques » en ligne, les Français, et notamment les plus jeunes, n’ont pas encore adopté les codes d’une « hygiène du numérique ».
Les principaux enseignements :
- 59% des Français n’utilisent pas assez de mots de passe, dont 15% utilisent un seul et même mot de passe pour tous leurs comptes.
- 50% doivent réinitialiser un mot de passe oublié au moins une fois tous les trois mois, dont 14% qui le font au moins une fois par semaine.
- 51% des Français ont déjà accédé au téléphone de leur conjoint, dont 6% l’ont fait… à l’insu de celui-ci !
- 32% ont déjà accédé à un compte de leur conjoint sur les réseaux sociaux, dont 8% l’ont fait… à l’insu de celui-ci !
- 72% des jeunes (18-24 ans) se sont déjà connectés sur le téléphone d’un ami, dont 16% l’ont fait… à l’insu de celui-ci !
- 55% ont utilisé ou installé un antivirus sur un de leurs appareils électroniques au cours des douze derniers mois.
- 53% se sont connectés à un réseau wifi public, malgré les risques de captation de données.
“Avec l’accélération des progrès technologiques et des flux d’information depuis la décennie 2000, l’hégémonie du numérique dans quasiment tous les aspects de la vie quotidienne s’impose aujourd’hui comme une réalité. Cette ascension a même été si fulgurante… que les utilisateurs de tous ces services nouveaux n’ont pas eu l’occasion d’intégrer ou d’être formés à l’« hygiène » du numérique. En résultent des pratiques « à risques » tenaces, rendant les individus plus fragiles que jamais dans un contexte de captation indue des données personnelles (cas des GAFA, scandale Cambridge Analytica, entrée en vigueur du RGPD, etc.) voire d’usurpation d’identité : choix de mot de passe peu sûrs, échanges de codes d’accès, connexion à des sites ou réseaux potentiellement dangereux, etc. Or, les publics les plus précaires ne sont pas ceux qui pratiquent le moins la matière numérique mais, au contraire, ceux qui en sont le plus adeptes : les jeunes et les CSP+. A la fois utilisateurs et objets de sollicitations en permanence, les « connectés » cherchent à profiter au maximum des ressources du numérique, quitte à faire l’impasse sur des précautions élémentaires afin de jongler avec fluidité entre tous leurs services. L’apprentissage de l’hygiène du numérique doit dès lors s’adresser à tous, y compris aux publics dont on croit qu’ils maîtrisent une technique simplement parce qu’ils y ont recours quotidiennement”.
Jean-Philippe Dubrulle, chef de groupe au pôle Opinion de l’Ifop