Le premier enseignement de ce sondage est que malgré l’accumulation d’un certain nombre d’indicateurs qui mesurent une amélioration de la situation économique et sociale de la France, il y a une vraie peur du déclassement qui s’exprime chez plus de la moitié des Français craignant, un jour, de tomber dans la pauvreté (55%). Mais il convient de faire des distinctions en fonction des classes sociales. En effet, on note une corrélation très nette entre le niveau de diplôme et l’inquiétude de tomber un jour dans la pauvreté. Ce sentiment est évidemment plus fort dans les catégories les moins diplômées qui sont celles qui, aujourd’hui, sont les plus soumises à pression dans un système où l’on délocalise beaucoup et où le travail peu ou pas qualifié est de plus en plus automatisé.
Pour revenir aux cadres, dans le détail, ces derniers sont moins inquiets que la moyenne des Français mais on peut quand même parler de tendance vue que plus de 40% d’entre eux se sentent plus fragiles qu’avant. Une piste explicative pourrait être les débats actuels sur l’âge du départ à la retraite. En prévoyant de faire reculer ce moment, l’on va susciter beaucoup d’inquiétudes, y compris chez les cadres.
En comparaison, les sympathisants de LREM sont le groupe sociologique le moins inquiet pour l’avenir. On sait que La République en Marche recrute principalement chez les cadres et il faut maintenant expliquer pourquoi le taux (28%) est encore plus bas que la moyenne des cadres. Une des pistes explicatives pourrait être qu’il y a encore un écart sociologique vis-à-vis des cadres et que les sympathisants LREM ne seraient que des “super cadres” mais cela ne tient pas debout car si c’était le cas le candidat Macron n’aurait pas fait 24% au premier tour de l’élection présidentielle.
On l’a vu lors de précédentes études sur l’électorat macronien notamment pendant l’élection de 2017, cette catégorie d’électeur se démarque par son optimisme envers l’avenir. Cela s’explique par des raisons objectives (niveau de diplôme, statut social…) et plus subjectives (psychologie). A l’époque ils étaient 71% à se dire confiants en l’avenir et c’est peut-être là que l’on trouve l’explication la plus tangible pour expliquer cette différence nette avec les cadres.
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