Alors que la crise du Covid n’a fait qu’aggraver les fragilités sociales et augmenter la pauvreté en France, l’Ifop a sondé les Français pour Solutions Solidaires et la Fondation Jean Jaurès, sur ce qu’ils pensent de la mise en place d’un revenu de base.
57% des Français sont favorables à l’idée d’un revenu de base, c’est à dire une somme d’argent, qui remplacerait certaines aides actuelles, et serait automatiquement versée chaque mois par la collectivité aux personnes se situant en dessous d’un certain niveau de ressources. C’est une majorité qui se dégage sur cette question. Les partisans de tous les partis politiques y sont favorables, à l’exception notable de ceux des Républicains, qui ne sont « que » 40% à être pour.
Avec la crise actuelle et l’explosion de la précarité, près de la moitié des Français (45%) veulent que ce revenu de base soit mis en place le plus rapidement possible, 39% qu’il y ait d’abord des expérimentations. Dans les modalités d’application, les Français se tournent vers les catégories les plus touchées par la crise : 36% des Français estiment que cela devrait aller pour les personnes en situation de précarité, 35% pour ceux gagnant moins de 1 200 euros par mois. Les plus favorables à cette dernière option sont les employés (47%). Alors que le Revenu de solidarité Active (RSA, ancien RMI) n’est qu’accessible qu’à partir de 25 ans, 40% des Français désirent que le revenu de base aille aux jeunes en difficulté (40%).
La somme de ce revenu la plus souvent évoquée est inférieure à 400€ (29% des sondés). Seulement 13% des Français aimeraient un revenu de base de plus de 1 000€ par mois. Cela va à rebours des suggestions de certains, mettant en avant l’hypothèse que les citoyens touchant ce revenu ne travailleraient plus ou ne chercheraient plus à avoir un emploi, car cette somme ne suffit pas à subvenir confortablement aux besoins dans la plupart des cas.
Interrogés sur ce qu’un revenu de base permettrait aux Français de faire, les réponses sont très diverses. 32% réduiraient leur temps de travail, 27% en changeraient, un quart créerait leur entreprise. Pour financer ce possible revenu, les sondés mettent en exergue deux moyens : diminuer certaines dépenses de l’Etat et rétablir l’impôt sur la fortune (47%).
Les Français souhaitent que la délivrance de ce revenu de base soit encadrée : pour preuve, près de deux tiers d’entre eux (61%), veulent qu’il soit individualisé, c’est-à-dire versé à chaque personne y ayant droit. Les Français jugent que le revenu de base ne doit pas être instauré n’importe comment. 74% déclarent que l’obtention du revenu de base doit être conditionnée par le respect d’engagements précis et d’obligations strictes de la part des bénéficiaires, 67% estiment que, parallèlement à la mise en place du revenu de base, les collectivités locales devront poursuivre l’accompagnement des personnes concernées, 65% que sa mise en place ne remette pas en cause les protections actuelles offertes par la Sécurité sociale.
Les apports positifs d’un revenu de base sont multiples pour les sondés : 49% pensent que cela va offrir plus de bien-être, 33% assurer plus de solidarité, 31% permettre aux personnes de s’occuper davantage de leurs proches. Certains demeurent pour autant pessimistes : 42% suggèrent que la mise en place d’un revenu de base aboutirait à une dévalorisation du travail et au développement de l’assistanat ; 31% que cela se traduirait par une augmentation du montant des impôts et des taxes payées par les gens comme eux.
Après avoir abordé toutes ces questions, les Français ne sont que plus demandeurs de l’instauration de revenu de base. A la fin du questionnaire, 63% y sont favorables, soit une hausse de 6 points après la passation.