Plus au fait des règles régissant les relations entre l’Etat et les Eglises que par le passé, les Français se révèlent aujourd’hui encore plus attachés au principe de laïcité. Dans cette enquête Ifop pour le Comité national d’action laïque (CNAL), réalisée à la veille des attentats du 13 novembre, l’opinion se révélait déjà particulièrement exigeante en la matière.
ainsi, pour 32% des Français, la laïcité consiste avant tout à séparer les religions et la politique. Pour 27%, il s’agit d’assurer la liberté de conscience et pour 19% de mettre toutes les religions sur un pied d’égalité – un score en recul de 13 points par rapport à 2005. 17% des interviewés estiment quant à eux que le principe de laïcité consiste avant tout à faire reculer l’influence des religions dans notre société, une proportion en hausse de 8 points.
Importante pour une immense majorité des Français, aussi bien à l’école (87%) que pour l’identité de la France (84%), la laïcité apparaît aujourd’hui comme beaucoup plus en danger qu’il y a dix ans : quatre Français sur cinq (81%) font cet amer constat. Ils n’étaient “que” 58% en 2005. Ce danger est principalement imputé au fait que de plus en plus de personnes portent des signes religieux ostensibles (43%), parce que les religions se font de plus en plus entendre sur les sujets de société (36%) et parce que certains veulent que l’Etat subventionne la construction de mosquées (34%, +13 points depuis 2005). Dans le même temps, les craintes pour le recul de la laïcité à cause du manque de mixité des communautés culturelles et religieuses ont tendance à baisser (22%, -13), signe d’un raidissement de l’opinion.
En réponse à cette inquiétude, on observe une adhésion de plus en plus massive à la loi interdisant le port de signes religieux ostensibles à l’école : elle s’élève aujourd’hui à 85%. De même, les mesures contribuant à exclure le religieux de la sphère publique se révèlent largement approuvées : la majorité des Français se déclare ainsi favorable à l’interdiction du port de signes religieux ostensibles pour les agents des administrations et entreprises publiques (84%, +22% depuis 2005), les accompagnateurs bénévoles de sorties scolaires (81%), les salariés des entreprises privées (76%, +27) et les usagers des services publics (75%, +29). Les mesures recueillant le moins bon accueil consistent quant à elles aux concessions de l’Etat en faveur des religions, qu’il s’agisse de financer la formation des ministres des cultes (31% des Français y voient “une bonne chose”) ou la construction de lieux de culte (23%, -16 points), ou encore de permettre aux pratiquants de choisir des jours fériés autres que ceux qui sont en vigueur.
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