Quand à l’été 2012, le Gouvernement de Jean-Marc Ayrault affirma que les classes moyennes et populaires seraient épargnées par les hausses d’impôts et des prélèvements annoncées (seuls 10 % des Français devaient être concernés selon le Gouvernement), il ne convainquit par grand monde. En effet, selon une enquête Ifop pour le JDD réalisée juillet 2012, pas moins de 84 % des personnes interrogées ne croyaient pas à cette affirmation. Bien que martelé sur tous les tons pendant plusieurs mois encore, ce message se heurta à une défiance croissante puisque en octobre 2012, 88 % des Français estimaient que l’ensemble des ménages allait être touché par les hausses d’impôts, sentiment qui contribua puissamment à alimenter le « ras-le-bol fiscal ».
Alors que la sensibilité de l’opinion à la pression fiscale reste extrême, Manuel Valls a annoncé que des mesures seraient prises dès cet été pour permettre la baisse de l’impôt pour les ménages à faible revenu. L’enquête Ifop réalisée pour Dimanche Ouest-France, fait apparaître une crédibilité nettement plus importante de la parole gouvernementale sur la question fiscale qu’à l’été 2012. Ainsi, 40 % pensent que le Gouvernement tiendra cet engagement. Si le nouveau locataire de Matignon peut se rassurer en constatant que sa parole porte davantage que celle de son prédécesseur sur un sujet aussi central, il convient néanmoins de souligner d’une part qu’une large majorité (60 %) de nos concitoyens demeure sceptique et d’autre part que des clivages assez marqués au sein de la population se font jour.
Le clivage le plus problématique concerne le niveau de revenu des interviewés. On constate en effet que si la crédibilité de l’annonce est très légèrement majoritaire parmi les plus hauts revenus (51 % parmi les ménages gagnant plus de 4 000 euros), les foyers aux revenus plus modestes doutent davantage : 36% parmi les personnes vivant dans un foyer gagnant entre 1 200 et 2 000, et 38% pour ceux dont le foyer gagne entre 2 000 et 3 000 euros, soit précisément la tranche des personnes gagnant entre 1,2 et 1,3 fois le SMIC ciblée par le Premier ministre (correspondant à cette première tranche s’il y a un seul salaire dans le ménage, et à la seconde tranche s’il y a deux salaires). Ainsi cette annonce peine à convaincre les principaux concernés et pourrait alimenter le discours « anti-assistanat » dans les tranches de revenus moyennes et supérieures qui constateraient que le Gouvernement après les avoir fortement mis à contribution décide de faire un geste en direction d’une autre catégorie de la population.
Le second clivage plus traditionnel est structuré par l’appartenance partisane. L’annonce de Manuel Valls est jugée crédible par 81 % des sympathisants socialistes et 67 % de ceux d’Europe Ecologie / Les Verts mais les soutiens du Front de gauche sont partagés (51 %), le scepticisme atteignant son paroxysme dans l’électorat de l’UMP (24 %) et du FN (18 %).
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