Après les propos de Jean-Marie Le Pen dans l’émission de Jean-Jacques Bourdin sur RMC Info et sur BFM TV, puis son interview dans l’hebdomadaire Rivarol, le Front National se trouve une nouvelle fois plongé dans la crise. Dans le violent conflit qui l’oppose à sa fille, Jean-Marie Le Pen apparaît aujourd’hui très isolé.
– 62% des Français estiment ainsi que son statut de président d’honneur et sa capacité à s’exprimer régulièrement dans les médias constituent plutôt un handicap pour le parti, contre 6% qui y voient un avantage. Les sympathisants du Front National sont plus sévères encore : 74% d’entre eux y voient un handicap, contre seulement 8% qui le perçoivent comme un atout et 18% ne se prononçant pas. Plus grave pour le vieux leader frontiste, le jugement des sympathisants du mouvement s’est durci à son égard. En effet, en juin 2014, au moment de sa sortie sur la « fournée » à propos de Patrick Bruel et d’autres artistes, 63% d’entre eux voyaient sa présence comme président d’honneur comme un handicap pour le parti, cette opinion ayant donc progressé de 11 points en 10 mois dans son électorat.
– Dans ce contexte marqué par une succession de sorties médiatiques provocatrices de Jean-Marie Le Pen, 38% des Français seraient favorables à ce qu’il quitte le Front National (contre 56% d’indifférents et 6% d’opposés à son départ). Si ce souhait est assez logiquement minoritaire dans l’ensemble de la population (une bonne partie des Français ne s’estimant pas concernée ou pas intéressée), il est aujourd’hui très majoritaire dans l’électorat frontiste. 67% des sympathisants FN sont en effet favorables à son départ, soit un score en progression de 9 points par rapport à juin dernier. A l’inverse, seulement 7% ne le souhaitent pas, soit une proportion non négligeable, et 26% se déclarent indifférents, ce qui masque sans doute le trouble suscité par le fait que si ses prises de positions ne sont pas partagées et sont même condamnées, il demeure à leurs yeux le leader historique du mouvement.
– Dans le bras de fer qui l’oppose à sa fille Marine, Jean-Marie Le Pen ne pourra guère compter sur le soutien de la base. Son départ du Front National ne serait pas massivement désapprouvé et ne susciterait probablement pas d’hémorragie dans son électorat. A l’inverse, cet évènement pourrait permettre au parti d’élargir son audience dans la mesure où 17% des 80% de Français n’ayant voté pour le Front National, ni à la présidentielle, ni aux européennes, pourraient être incités à voter pour un Front National dont Jean-Marie Le Pen ne ferait plus partie. 5% de ces 80% se diraient même tout à fait incités, ce qui, ramené à l’ensemble du corps électoral représente 4%, soit une marge de progression non négligeable.
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