La confrontation fréquente à des violences sexistes ainsi que le sentiment croissant d’insécurité dans certains lieux publics semblent avoir contraint les femmes en France à adapter leurs comportements en conséquence.
La majorité des femmes a déjà été confrontée à des violences sexistes dans la rue. 80% d’entre elles ont déjà été abordées dans la rue, dont 59% l’ont été plusieurs fois, tandis que 70% ont déjà été sifflées, dont 53% plusieurs fois. Les violences plus graves ne sont pas aussi fréquentes mais demeurent une réalité pour un nombre important de femmes. La moitié d’entre elles déclare en effet avoir déjà été insultée (47%) et une sur cinq a même été victime d’une agression physique dans la rue (19%). Si l’ensemble des femmes est concerné globalement, ces violences se focalisent en particulier sur les femmes les plus jeunes, issues des catégories socioprofessionnelles les plus aisées et résidant dans des communes urbaines, provinciales ou parisiennes, où la densité de population est plus élevée. Les femmes de moins de 35 ans (57%), les CSP+ (70%) et les habitantes de communes urbaines (50% contre 38% des femmes résidants dans les communes rurales) sont notamment surreprésentées parmi les victimes d’insultes dans la rue (47% en moyenne). Les agressions physiques concernent approximativement autant les femmes les plus âgées que les plus jeunes (17% des 35 ans et plus, contre 22% des moins de 35 ans).
La confrontation à des violences sexistes dans la rue s’inscrit dans un contexte où le sentiment d’insécurité des femmes dans certains lieux publics progresse, notamment dans les lieux où elles se retrouvent seules et donc plus vulnérables. Interrogées sur leur état d’esprit lorsqu’elles se situent dans un parking seule le soir (83%, +17 par rapport à 2002) ou dans une rue déserte (76%, +14), environ huit femmes sur dix déclarent éprouver souvent ou parfois des craintes pour sa sécurité. S’agissant des lieux où la probabilité de se retrouver seule est plus faible, le sentiment d’insécurité dans le bus, le métro ou le train est moins prégnant, mais demeure majoritaire et en hausse (59%, +12). Les catégories de femmes les plus sujettes à des violences sexistes, c’est-à-dire les plus jeunes et celles issues des catégories socioprofessionnelles les plus aisées, apparaissent logiquement comme celles éprouvant le plus de craintes quel que soit l’environnement. Au-delà des aspects intemporels de ces inquiétudes, les indicateurs d’évolution sont pour le moins significatifs. Les résultats révèlent des hausses allant de 12 à 17 points par rapport à une précédente enquête datée de 2002 et suggèrent un sentiment général d’insécurité croissant.
Traduisant ce climat d’insécurité partagé par nombre d’entre elles, certaines femmes adoptent alors des comportements spécifiques dans certaines situations. Plus d’une personne interrogée sur deux change souvent ou parfois de trottoir lorsqu’elle voit une silhouette se profiler à l’horizon (56%). De même, 80% adaptent leur comportement lorsqu’elles doivent sortir le soir. Elles sécurisent ainsi premièrement leur trajet de retour, en choisissant de rentrer en voiture (55%), en s’arrangeant pour rentrer en groupe (29%) ou se rapprochant d’autres femmes dans les transports en commun (6%), et deuxièmement recherchent la discrétion en mettant un pantalon ou un manteau long (14%) ou en fuyant les regards (12%). A l’instar des résultats observés précédemment, les femmes les plus jeunes (82% des moins de 35 ans) ou issues des catégories socioprofessionnelles les plus aisées (87%), soit les plus concernées par des violences physiques, sont celles qui modifient le plus leur comportement en cas de sortie le soir. Le sentiment d’insécurité et la crainte de rentrer seule le soir a enfin moins d’impact sur les activités des femmes le soir. Une femme sur trois déclare en effet avoir déjà refusé une invitation par crainte de devoir faire le chemin du retour chez elle seule le soir (35%).
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