La crise du coronavirus et la période de confinement ont eu un impact important sur le monde scolaire. Tout d’abord en imposant l’école à distance, mais aussi parce que les enseignants ont dû (et vont encore devoir) faire face à des situations de deuil vécues par les élèves. Quel est le ressenti des enseignants à l’heure de la rentrée ? Comment ces derniers appréhendent l’accompagnement et le suivi des élèves en situation de deuil ? Pour répondre à ces interrogations, l’IFOP a mené pour la Fondation d’entreprise OCIRP une étude d’envergure auprès du corps enseignant français du premier et second degré.
Des enseignants plus en confiance qu’en 2016 s’agissant de la gestion des situation d’orphelinage
L’ensemble du corps enseignant déclare être sensible et attentif à la situation des élèves orphelins (93%). Preuve en est, lorsqu’ils se trouvent en situation de devoir accompagner un élève vivant une telle situation (ou d’un deuil plus généralement), l’empathie l’emporte sur les appréhensions (69% des enseignants trouvent que le mot empathie est celui qui reflète le plus leur état d’esprit VS 8% pour appréhension).
Les inquiétudes sont tout de même partagées par 4 sondés sur 10 (42% déclarent redouter ces situations), notamment car la méconnaissance sur le sujet est réelle comme en atteste l’infime part d’enseignants qui ont été formés pour affronter ces cas particuliers (14% en formation initiale et 9% en formation spécifique).
Néanmoins, force est de constater que, par rapport à 2017, les enseignants témoignent d’une plus grande confiance en eux s’agissant de la gestion des situations d’orphelinage de leurs élèves : 77% des sondés déclarent se sentir « apte à prendre en compte » une telle situation (soit 7 points de plus qu’en 2016) et la part de ceux qui la redoutent a significativement baissé (42% contre 54% en 2016). Conséquence d’une meilleure prise en compte du sujet par les établissements et les organismes de formation ? Cette hypothèse doit être soulevée à partir du moment où 35% des enseignants rapportent que l’orphelinage a fait l’objet d’actions concrètes au sein de leur établissement (+7 points vs 2016) et que les formations, bien que peu visibles, semblent davantage suivies (+8 points sur la formation initiale et + 5 points pour la formation spécifique).
La vigilance à l’égard des situations de deuil notamment dans le contexte actuel de crise sanitaire est partagée par l’ensemble du corps enseignant…
Tous les enseignants s’accordent à dire que, au-delà de l’orphelinage, les élèves vivant une situation de deuil doivent faire l’objet d’une attention particulière de la part du corps enseignant (96%).
Pour neuf sur dix d’entre eux, cette vigilance est particulièrement accrue dans le contexte sanitaire actuel (87%), en particulier car ils perçoivent l’expérience du décès d’un proche des suites du coronavirus comme un cas de deuil singulier qui nécessite un accompagnement spécifique (84%) et moins car ils redoutent une recrudescence des situations de deuil (26% considèrent qu’avec la crise sanitaire actuelle, la plupart des élèves ont à faire face au deuil de quelqu’un de leur entourage).
…qui en appelle à davantage de soutien pour prendre en charge les élèves en situation de deuil
A peine plus de la moitié des enseignants déclare se sentir apte à gérer de potentielles situations de deuil des élèves de leur établissement (53%, et seuls 6% se déclarent « tout à fait apte »), un sentiment assurément nourri par le manque perçu de soutien et de ressources pour les aider à affronter ces situations (28% jugent le soutien suffisant). De fait, aptitude et soutien perçus sont intiment corrélés : 88% des enseignants qui pensent avoir assez de soutien et de ressources pour les aider à mieux prendre en compte la situation de ces élèves se considèrent aptes, contre 41% de ceux pour qui le soutien est insuffisant.
Tous les modes de soutien et ressources testés sont plébiscités par les enseignants. Ils s’accordent en effet tous à dire que la question du décès d’un parent devrait être abordée au cours de leur formation initiale (88%) à l’instar des spécificités du deuil des enfants et adolescents (87%). Ils sont également tous en faveur de la mise en place d’actions de formation/sensibilisation ponctuelles (86%, +6 points par rapport à 2016) ainsi que d’une boîte à outils pour les aider à accompagner les orphelins (86%). Neuf sur dix d’entre eux seraient intéressés par la diffusion d’un guide pratique donnant des conseils, des recommandations pour appréhender une situation d’orphelinage en classe ou à l’école, en fonction de l’âge de l’enfant (89%, +4 points).
Les enseignants les plus jeunes sont particulièrement demandeurs
Les enseignants de moins de 35 ans, plus nombreux à redouter une situation de deuil parmi leurs élèves (46% se sentent aptes vs 57% des 50-64 ans), sont beaucoup plus en attente de ces ressources, à la fois par le biais de la formation initiale (43% sont convaincus que le sujet devrait y être abordé contre 30% des plus de 35 ans) et par la mise en place d’actions ponctuelles (39% vs 23%). Ils sont également plus enthousiastes que leurs aînés à l’égard du guide pratique (46% sont très intéressés vs 30% pour les plus de 35 ans).
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