Sur le marché de l’emploi, alors que le taux de chômage des cadres est inférieur à 4%, l’INSEE annonce un chômage au plus bas depuis 10 ans (8,7% source INSEE 16 mai 2019), et que les entreprises confient leurs difficultés de recrutement, LR Technologies a demandé à l’Ifop de réaliser un sondage auprès des cadres du secteur privé : Comment perçoivent-ils ces tensions sur le marché de l’emploi ? Ont-ils encore peur du chômage ? Quelles sont leurs exigences, et comment les entreprises peuvent-elles s’adapter ?
En dépit d’un taux de chômage surestimé, les cadres sont conscients du contexte qui leur est favorable sur le marché de l’emploi
25% des cadres du secteur privé estiment que le taux de chômage de leur catégorie professionnelle est inférieur ou égal à 4% et ne le surévaluent donc pas*. 75% ont tendance à le surévaluer. Une courte majorité de cadres (57%) indique un taux dans un étiage proche de la réalité, estimant qu’il est inférieur ou égal à 6%. A l’opposé, 43% des cadres considèrent que ce taux est supérieur ou égal à 7% et 16% le placent à plus de 9%.
En dépit de cette tendance et à une sur-évaluation, les cadres sont en grande partie au fait de la bonne santé de leur marché. Un fort consensus se dégage ainsi pour affirmer qu’il est vrai que :
- « Dans certains secteurs, de nombreuses entreprises ont du mal à recruter des cadres » (85%) ;
- « Le taux de chômage des cadres est plus bas que celui des salariés en général » (84%) ;
- « Depuis quelques années, les recrutements de cadres ne cessent d’augmenter » (73%).
Dans ce contexte, 36% des cadres déclarent toutefois avoir « plutôt » peur de se retrouver au chômage, perception qui grimpe à 47% chez les cadres du secteur « Commerce, Distribution ou Hôtellerie ». La peur du chômage est au plus bas (32%) chez les jeunes cadres.
La perspective d’une mobilité professionnelle au sein du marché de l’emploi constitue une réalité chez beaucoup de cadres, et accroît la pression sur les entreprises.
Sur un registre plus personnel, les cadres du privé sont nombreux à reconnaître avoir une certaine latitude en matière de mobilité professionnelle, ce qui met la pression sur les entreprises au moment de l’embauche, la question des efforts salariaux consentis partageant davantage les avis. Ce constat se vérifie à la fois lorsque les interviewés se placent :
- Du point de vue des cadres eux-mêmes : 60% déclarant que la plupart des cadres peuvent facilement changer de travail s’ils le souhaitent (dont 66% des moins de 35 ans, 69% des cadres du BTP et 70% de ceux du secteur Transport / Logistique) ;
- Du point de vue des entreprises, 61% affirmant que les entreprises font beaucoup d’efforts pour essayer d’attirer les cadres.
Par ailleurs 56% de l’échantillon estiment qu’il est plus facile pour un cadre de trouver du travail que pour une entreprise de recruter des cadres, ce qui laisse entendre l’existence dans les faits d’un phénomène de « chômage négatif » sur le marché de l’emploi, chez les cadres. Mais cela ne suffit pas à positionner ces derniers en situation privilégiée lors de l’embauche s’agissant de la questions particulière de la rémunération.
Les personnes interrogées se montrent en effet divisées sur ce sujet, une petite moitié (48%) étant d’accord avec l’affirmation « le taux de chômage des cadres étant très faible, les cadres sont en position de force lors de l’embauche au moment des négociations avec leur employeur ». Sur ce dernier point, il atteint 57% chez ceux qui voient souvent passer des offres d’emploi et 61% parmi ceux qui sont souvent contactés par les cabinets de recrutement (61%). Enfin, le salaire ne constitue pas le seul levier dont disposent les entreprises pour attirer les cadres, seuls 43% d’entre eux étant d’accord avec cette affirmation. Ainsi, la tension sur le marché de l’emploi, si elle n’affecte pas de manière évidente à la hausse les rémunérations proposées, force les entreprises à diversifier les avantages qu’elles offrent aux salariés au moment de l’embauche.
Signe de leur forte mobilité, 25% des cadres ont changés d’employeur au cours des 3 dernières années dont 42% des moins de 35 ans.
S’agissant de ces derniers, si les interviewés reconnaissent que l’employabilité des jeunes cadres diplômés est plus difficile, la réalité d’une mobilité professionnelle s’accélère donc en revanche rapidement une fois qu’ils ont intégré une entreprise. En parallèle, une majorité de cadres (55%) affirme avoir passé au moins un entretien de recrutement au cours des 3 dernières années, que ce soit dans leur entreprise actuelle ou dans une autre et 38% plusieurs.