La crise sanitaire a fortement contribué à accélérer des transformations déjà entrevues dans le monde du travail.
Le monde du travail connait de fortes évolutions et confirme le rôle catalyseur de la crise sanitaire face aux nouvelles aspirations des cadres pour leur vie professionnelle. En effet, le rapport au travail a changé et perd peu à peu cette dimension statutaire. Les cadres interrogés placent la famille (94%) et les amis (95%) comme les deux domaines les plus importants dans leur vie. En conséquence, le statut au sein de l’entreprise semble moins compter pour les cadres. Les cadres du privé aspirent à remettre à sa « juste place » le travail dans leur vie, afin d’avoir le temps de se consacrer à leurs projets personnels.
« Aux yeux des cadres, c’est dans leur vie professionnelle que les transformations les plus importantes ont eu lieu depuis le début de la crise sanitaire. Cette période hors norme constitue un véritable catalyseur entrainant de nouvelles organisations du travail et des aspirations professionnelles inédites. D’autres domaines comme les relations familiales ou les pratiques de consommation ne sont pas mentionnés avec une telle ampleur. » Romain Bendavid, Directeur de l’Expertise Climat Social, Ifop
Et si l’idéal des cadres du privé consistait en une organisation hybride du travail : mi freelancing, mi salarié ?
C’est ce que semble exprimer les cadres interrogés. En effet, ils ont une opinion favorable du travail en freelancing puisque 72% en ont une bonne image, et 30% se déclarent être intéressés pour travailler en tant que travailleurs indépendants à l’avenir.
La possibilité de concilier travail en freelance à mi-temps, et travail en tant que salarié à mi-temps, apparait dès lors comme un bon compromis, un peu moins d’un cadre du privé sur deux (46%) se déclarant séduit par cette organisation du travail. En effet, celle-ci permettrait de rassurer les cadres encore hésitants, en leur offrant la liberté et l’autonomie propres au freelancing, et la stabilité financière encore profondément associée au statut de salarié.
Les attentes des cadres méritent d’occuper une place centrale dans le programme des candidats
Lorsque nous interrogeons les cadres sur ce qui doit jouer un rôle déterminant pour eux en avril 2022 : ils placent la rémunération en tête (69%), l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle en second (63%) et la prise en compte du bien-être des travailleurs en 3ème position (60%).
L’égalité femmes-hommes en entreprise n’arrive qu’en 4ème position des priorités, 50% des cadres jugeant cet enjeu déterminant pour 2022. C’est particulièrement le cas des femmes, 69% d’entre elles le voyant comme essentiel contre 40% des hommes.
Les cadres ont de très fortes attentes à l’égard du monde professionnel, dans le contexte de bouleversement dans l’organisation de leur travail induit par le recours massif au télétravail depuis mars 2020. Ainsi, chacun des différents enjeux cités lors de l’étude obtient une forte adhésion. 77% notamment des cadres interrogés considèrent comme important dans le cadre des élections présidentielles la valorisation d’autres statuts que celui de salarié.
Les enjeux professionnels : l’angle mort de la campagne présidentielle ?
Les candidats à la présidentielle semble occulter pour le moment un certain nombre d’enjeux professionnels pourtant jugés importants par les 3 millions de cadres du privé en France. En effet, aucun candidat ne semble émerger sur cette question aux yeux des cadres. Invités à se prononcer sur le (la) candidat(e) qui s’intéresse le plus à différents sujets professionnels (défense des salariés, conditions de travail, rémunération…), les cadres du privé rencontrent certaines difficultés à se positionner. La proportion d’entre eux qui ne parviennent pas à désigner un candidat légitime sur ces sujets et préfèrent ne pas se prononcer oscille entre 37% sur la question de la défense des salariés et 41% sur celle de l’égalité femmes-hommes et du développement de nouvelles formes de travail en dehors du salariat. Ces scores très élevés de « Ne sait pas » témoignent à eux seuls du manque de visibilité actuel de ces sujets professionnels dans la course à la présidentielle, alors même qu’ils impactent directement le quotidien des actifs français.
Quel candidat émerge le plus sur les enjeux professionnels ?
Seul le président sortant Emmanuel Macron émerge, se positionnant systématiquement dans le top 3 des candidats les plus crédibles, quel que soit l’enjeu abordé. Il est le premier cité sur la question de la défense des salariés (ex aequo avec Jean-Luc Mélenchon), des conditions de travail et de la rémunération. Emmanuel Macron est surtout très clairement identifié à la question du développement de nouvelles formes de travail en dehors du salariat puisque 50% des personnes qui se sont exprimées considèrent qu’il est celui qui s’y intéresse le plus.
Aux yeux des cadres du privé, Emmanuel Macron semble être le plus à même d’incarner l’innovation dans le monde professionnel, et a su convaincre de la pertinence de son plan de soutien aux travailleurs indépendants. Celui-ci jouit en effet d’une bonne image auprès de 71% des cadres du privé, qui sont une écrasante majorité (77% ou plus) à décrire ce plan comme étant bon pour l’emploi, adapté aux évolutions actuelles du monde du travail et aux attentes des actifs, et de nature à faciliter l’essor de nouvelles formes d’emploi.