A l’occasion du Women Entrepreneurship Summit s’étant tenu le 6 mars à l’UNESCO, le think-tank dédié à l’entrepreneuriat féminin NEMOW Lab (en partenariat avec BPI France Le Lab et Vallorem, avec le soutien de la Fondation MMA Entrepreneurs du futur) a dévoilé les résultats de l’étude pour laquelle il avait sollicité l’Ifop. Cette étude ambitieuse établit les freins à l’entrepreneuriat des étudiantes, ainsi que les biais de perceptions qu’elles peuvent avoir lorsque leurs appréhensions sont croisées avec le vécu réel de dirigeantes d’entreprises.
Les 5 enseignements-clés de l’enquête :
Le désir d’entrepreneuriat ne connaît pas de frontière de genre, mais les étudiants masculins le concrétisent davantage. Au sein de l’échantillon étudiant, l’entrepreneuriat est le seul choix de carrière qui est autant désiré par les hommes que les femmes. Ils aspirent en effet par cette voie à la liberté et à l’indépendance. Mais les femmes se projettent moins dans la concrétisation de ce projet, à la fois car elles imaginent que cela ne leur correspond pas, mais aussi – et bien plus que les hommes – car elles estiment avoir moins les compétences et le réseau adéquat pour le faire. Elles expriment surtout un déficit de confiance en elle beaucoup plus marqué que les hommes.
Aussi bien pour les étudiants que les dirigeants, l’entourage proche joue un rôle clé à toutes les étapes du projet. Pour les étudiants, il s’agit du premier élément pouvant impacter la réussite d’un projet entrepreneurial (rencontre avec les bonnes personnes pour s’associer, avoir des entrepreneurs dans son entourage, avoir des parents entrepreneurs). Ils reconnaissent également l’appui émotionnel que l’entourage peut apporter, et pour la moitié d’entre eux l’influence très importante qu’ils peuvent avoir sur leur choix de carrière.
En revanche, le conjoint semble jouer un rôle secondaire à leurs yeux alors que, pour les chefs d’entreprise, ce dernier est la pièce maîtresse de la réussite d’un projet ! Dans le détail, les femmes dirigeantes d’entreprise reconnaissent plus volontiers que leur entourage est une clé de réussite et notamment leur partenaire. Elles lui attribuent de nombreuses qualités, mais tendent plus que les hommes à reconnaître une très bonne compréhension de la gestion d’entreprise / de l’entrepreneuriat en général. A contrario, elles semblent moins soutenues dans les tâches domestiques / attenantes à la gestion du foyer lorsqu’elles mènent leur vie d’entrepreneures.
Les étudiants (et a fortiori les étudiantes) témoignent de fortes appréhensions quant au financement d’une possible création ou reprise d’entreprise. En conséquence de quoi, ils envisagent d’utiliser en priorité leurs économies personnelles – au même titre que les actuels dirigeants d’entreprise. Les étudiantes, plus craintives sur ce sujet, semblent en tendance moins considérer des ressources externes de financement que leurs homologues masculins… Dans les faits pourtant, les dirigeantes interrogées relatent finalement des mêmes sources de financement que les hommes pour leur projet.
Les étudiants sont optimistes quant à la perspective de réussite de leur projet entrepreneurial. Ils n’en demeurent pas moins assez lucides et notamment concernant le fait de disposer des ressources nécessaires (qu’ils questionnent tout autant que les dirigeants actuels). Dans le détail, les femmes font montre d’un état d’esprit plus méfiant (sans doute lié à leur plus grand manque de confiance), mais ce clivage ne transparait pas au sein des dirigeantes interrogées, qui estiment tout autant que les hommes avoir réussi / avoir bénéficié des ressources nécessaires pour réussir.
Les étudiants (et surtout les étudiantes) anticipent bien plus que les dirigeants dans leur ensemble des inégalités d’accès à l’entrepreneuriat en raison du sexe. Ils estiment ainsi davantage que la situation serait différente s’ils étaient du sexe opposé, mais également qu’être une femme peut constituer un frein à une carrière entrepreneuriale. Ainsi, c’est la double-peine pour les femmes prétendantes à l’entrepreneuriat : au manque de confiance criant s’ajoute en effet le sentiment que le parcours sera plus difficile que pour les hommes. Toutefois, le retour d’expérience exprimé par les entrepreneures tout au long de l’enquête ne permet pas de confirmer de telles appréhensions.