Interviewé le 14 novembre 2018, Emmanuel Macron déclarait « Je n’ai pas réussi à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants ». Un constat confirmé par le sondage Ifop pour Synopia et Dentsu Aegis Network réalisé en septembre 2018 (soit avant la mobilisation des « gilets jaunes »), selon lequel 71% des Français se déclarent déçus par la façon de gouverner du président de la République. Alors que la campagne présidentielle du candidat d’En Marche reposait sur une promesse de profond renouvellement des pratiques politiques, cette enquête permet de dresser le bilan du rapport des Français au pouvoir et sera présenté lors d’un colloque le 23 novembre 2018 à l’Assemblée nationale intitulé : « Quel avenir pour la décision collective en démocratie ? »
Les ressorts de la confiance : le respect des engagements pris et l’obtention de résultats
Interrogés sur les éléments qui conditionnent leur confiance dans un président de la République, les Français citent en priorité et à égalité « le fait que ses actes et sa façon de gouverner soient conformes à ses engagements » (50% des citations) et « le fait que les résultats obtenus au fur et à mesure de son mandats soient positifs et encourageants » (50% des citations), loin devant « le fait qu’il soit compétent » (36%) ou le « sentiment d’être respecté et écouté » (32%). La question ici n’est donc pas prioritairement de pouvoir participer, de bénéficier de toujours plus de transparence ou d’entrer dans l’ère d’une démocratie horizontale, mais bien de s’assurer que le b.a.-ba est bien au rendez-vous : un dirigeant qui fait ce qu’il dit et qui obtient des résultats.
Une politique majoritairement incomprise et peu mobilisatrice
66% des Français disent ne pas comprendre la politique menée par Emmanuel Macron. Le verbe « comprendre » recouvre ici deux acceptions : assimiler et approuver. Cette majorité de Français qui ne « comprend » pas la politique gouvernementale révèle donc à la fois un manque d’intelligibilité mais aussi d’adhésion. Le fait que 80% des sympathisants de La République en Marche disent « comprendre » contre moins de 40% dans l’ensemble des autres formations politiques indiquent bien la dimension partisane de cette « compréhension ». Parmi les personnes qui disent comprendre la politique de l’exécutif l’objectif principal d’Emmanuel Macron semble clair : « transformer le pays pour le rendre économique plus compétitif dans la mondialisation » (57% des citations). Vient seulement ensuite le fait de « rendre la société française plus juste » (41%). La promesse macronienne de « libération des énergies » est donc davantage entendue dans son acception économique que sociale.
Une déception sur la forme comme sur le fond
Au-delà des questions de compréhension, seuls 25% des Français disent se sentir impliqués et engagés dans le projet de transformation du pays d’Emmanuel Macron. Dans le même ordre d’idées, on constate que pas moins de 79% estiment que la méthode employée pour mener cette politique n’est pas de nature à mobiliser et entraîner les Français. Une véritable déception sur le mode de gouvernance apparaît donc, confirmée par le fait que 71% des personnes interrogées sont déçues par la façon de gouverner d’Emmanuel Macron. On perçoit ici une forme de désillusion dans la mesure où 35% des Français seulement retrouvent dans la façon de gouverner d’Emmanuel Macron ses promesses de « renouveau démocratique » et de « faire de la politique autrement ». Cette déception sur la forme a semble-t-il une influence directe sur le fond : 23% des Français seulement font part d’une vision positive pour l’avenir de leur pays au regard des grandes orientations tracées par Emmanuel Macron jusqu’à présent.