En temps normal, le discours politique est d’une monotonie inaudible ; c’est dans les conjonctures chaudes que se produisent ce que les politologues appellent « les actes lourds » qui frappent les esprits et restent dans les mémoires. C’est bien évidemment ce que nous venons de vivre avec les attentats terroristes, dont plus de neuf Français sur dix ont parlé et même 97% des 18-24 ans et 99% des professions libérales et cadres supérieurs (un peu moins mais à peine dans les communes rurales, 89%). Les « marches républicaines » ont suscité presque autant de conversations, 90%, et jusqu’à 98% chez les artisans et commerçants. Rien d’étonnant dans ces conditions à ce que les deux têtes de l’exécutif, dont la gestion de la crise a été unanimement saluée, en tirent les bénéfices, +21 pour François Hollande qui était le mois dernier stabilisé au plus bas, +17 pour Manuels Valls ; le gain d’approbation est naturellement d’autant plus fort que la question porte sur le présent et sur leurs actions, presque exclusivement consacrées à la lutte contre le terrorisme et au rassemblement national (et non à la confiance pour l’avenir par exemple). Pour François Hollande, dont c’est le meilleur chiffre depuis février 2013, la baisse des critiques est particulièrement nette chez ceux qui « n’approuvaient pas du tout son action » (de 52% en décembre à 31% ce mois-ci). Le redressement est particulièrement fort chez les sympathisants socialistes (+30) mais net aussi chez ceux de l’UMP (+16), moins sensible au PC-Parti de Gauche (+9) et chez les Verts (+6). Mais la séquence ne change pas vraiment les perspectives de 2017 puisque malgré la hausse de 9 points, 23% seulement disent souhaiter toujours la réélection de François Hollande. Pour Manuel Valls à l’inverse, la progression de 17 points lui fait non seulement retrouver une cote majoritaire mais se situe même à son plus haut niveau depuis son arrivée à Matignon ; sa cote de 61% atteint même 65% chez les femmes et 89% chez les sympathisants socialiste ; il devient une personnalité qui « doit jouer un rôle important à l’avenir » pour 71% et même 94% chez les sympathisants socialistes (69% et 67% à l’UMP et au FN). Inversement, l’opposition par définition moins présente dans l’action, ne tire guère de profit de cette situation, 36% seulement (+1) estimant qu’elle ferait mieux que le gouvernement si elle était au pouvoir.
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