Inflation et pouvoir d’achat en berne : un Noël 2023 qui s’annonce sous tension pour les familles
Comme chaque année, l’association Dons Solidaires et l’IFOP dévoilent les résultats d’un baromètre destiné à mesurer les opinions et comportements des Français (et plus spécifiquement des parents) à l’égard des fêtes de noël. Association engagée dans la lutte contre la précarité, Dons Solidaires souhaite objectiver l’ampleur des renoncements en matière d’achat de cadeaux de Noël. Loin d’être anecdotiques, ces derniers représentent un marqueur de précarité. 2022 avait été marquée par une hausse importante des renoncements, cette nouvelle vague d’enquête permet d’établir des tendances près de deux ans après le retour de l’inflation pour la fin d’année 2023.
Novembre 2023 : une inquiétude record à l’égard de l’augmentation des prix
Signe d’une tension majeure autour de la question du pouvoir d’achat, l’inquiétude à l’égard de l’augmentation des prix atteint fin novembre 2023 un niveau record avec 61% des Français qui indiquent que ce sujet les inquiète « beaucoup ». Surtout, l’anxiété progresse par rapport à 2022 alors même qu’elle atteignait déjà un niveau record (+ 6 points en un an). Enfin, l’inquiétude à l’égard de l’augmentation des prix progresse encore plus fortement parmi les publics les plus fragiles tels que les familles monoparentales (68%, + 12 points)
La peur de ne pas pouvoir finir le mois concerne désormais 57% des Français (+ 4 points) et une proportion substantielle de sondés redoutent de basculer dans la pauvreté (45%) ou d’avoir à se procurer des denrées alimentaires auprès d’associations (27%). Si l’anxiété économique est plus répandue parmi les catégories « modestes » et « pauvres » de la population, elle est aussi largement présente chez les Français appartenant à la « classe moyenne inférieure ».
15% des Français passeront les fêtes de noël seuls, une proportion en baisse par rapport au pic atteint à la fin de la crise sanitaire
Bonne nouvelle s’il y en a une, l’isolement relationnel qui avait culminé en 2021 avec la crise sanitaire se stabilise à 15%, soit le même niveau qu’en 2022. Si le recul de l’isolement est donc confirmé il n’en demeure pas moins à un niveau élevé.
La crainte de ne pas pouvoir offrir de cadeaux progresse par rapport à 2022
Comme en 2022 et 2021, les fêtes de Noël suscitent des émotions ambivalentes : elles suscitent la réjouissance de deux tiers des Français (66%) et dans le même temps l’inquiétude et la tristesse de près d’un tiers des sondés (31% et 30%). Si les festivités de fin d’année sont une occasion de partager des moments de joie en famille, elles sont aussi placées sous le signe des dépenses et donc des inquiétudes en période de tensions sur le pouvoir d’achat. La crainte de ne pas pouvoir offrir de cadeaux est ainsi la peur la plus associée aux fêtes de Noël (37%), devant le fait d’être seul (20%), de ne pas pouvoir servir un bon repas (22%), de devoir travailler pendant les fêtes (14%), de devoir passer du temps avec sa famille (12%) ou encore de ne pas recevoir de cadeaux (11%). Signe d’un budget sous pression, la crainte de ne pas pouvoir offrir de cadeaux se répand de plus en plus largement depuis 2021 (30% ; 34% et désormais 37%).
Un budget en berne pour un parent sur deux et des arbitrages fréquents
Autre indicateur d’une conjoncture dégradée, c’est désormais plus d’un Français sur deux qui anticipe d’offrir des cadeaux moins importants que les années précédentes (54%). Une proportion qui est en progression constante depuis 2021 (47% ; 51% et désormais 54%).
De fait, c’est 61% des parents qui indiquent qu’ils vont se priver d’autres achats (+ 2 points en un an ; + 4 points en deux ans) ou faire des plus petits cadeaux (61% contre 63% et 55% en 2021). A l’inverse, seulement 41% des parents indiquent qu’ils vont pouvoir acheter ce qu’ils veulent (soit la même proportion qu’en 2022).
Pour pouvoir gâter quand même leurs enfants, les parents redoublent d’astuces. Par exemple, en achetant des cadeaux d’occasion. Motivés par des raisons pécuniaires (67%) et liées à l’environnement (32%). Dans un tiers des cas, ils privilégient les cadeaux utiles (32% stable par rapport à 2022 mais en progression par rapport à 2021) et limitent les dépenses sur d’autres postes budgétaires. Les dépenses substituables telles que les sorties et les vacances sont différées afin de ne pas trop sacrifier le budget cadeaux de Noël.
Le point de vue de François Legrand, Directeur d’études à l’IFOP
Le baromètre annuel de Dons Solidaires/IFOP met en lumière un Noël 2023 placé sous le signe de l’inquiétude économique et de la précarité. Les résultats de cette enquête révèlent une tension palpable autour du pouvoir d’achat des Français, exacerbée par une inflation persistante. Ces indicateurs, loin d’être anecdotiques, sont révélateurs d’une crise profonde qui touche tous les aspects de la vie quotidienne, y compris les festivités de fin d’année traditionnellement associées à la joie et au partage. La crainte de ne pas pouvoir offrir de cadeaux, en augmentation constante depuis 2021, souligne le dilemme auquel sont confrontés de nombreux parents : comment maintenir l’esprit de Noël malgré des budgets de plus en plus contraints ? Les résultats du baromètre montrent que plus de la moitié des parents envisagent d’offrir des cadeaux moins importants que les années précédentes. L’augmentation des achats de cadeaux d’occasion, motivée par des raisons économiques et environnementales, ainsi que la tendance à privilégier les cadeaux utiles, témoignent d’une adaptation des comportements de consommation pour faire face à cette nouvelle donne.