Baromètre le renoncement à l’achat de cadeaux de noël, un marqueur de précarité
L’association Dons Solidaires a missionné l’IFOP pour réaliser une grande enquête destinée à comprendre comment les Français, et plus spécifiquement les parents, appréhendent les fêtes de noël, dans un contexte d’augmentation des prix avec une inflation s’établissant autour de 6% pour les jouets. Cette enquête s’inscrit dans une logique barométrique.
Une inquiète forte à l’égard de l’augmentation des prix
Premier enseignement de cette enquête, le niveau d’inquiétude des Français à l’égard de l’augmentation des prix est particulièrement marqué. Plus d’un sondé sur deux indique que ce sujet les inquiète beaucoup, une proportion élevée mais comparable à celle enregistrée en décembre 2021. Les parents d’enfants – qui doivent faire face à des dépenses contraintes plus importantes – sont plus nombreux encore à être inquiets (63%). Dans ce contexte, les Français sont très nombreux à se dire qu’ils n’arriveront pas à boucler le mois (53%), qu’ils pourraient basculer dans la pauvreté (44%), voire – pour un quart d’entre[1]eux – qu’ils pourraient avoir à recourir à des associations pour se procurer des denrées alimentaires (26%). Ces proportions élevées étaient déjà observées en décembre 2021 et n’ont pas progressé en un an à l’échelle de l’ensemble de la population française. Mais pour autant, les données du baromètre montrent que les parents d’enfants sont significativement plus nombreux à se dire qu’ils ne parviendront pas à boucler le mois (66%, + 7 points en un an). Une telle progression montre que la problématique de la hausse des prix concerne plus particulièrement certains publics, sur lesquels pèsent plus largement des dépenses contraintes.
Les Français appartenant aux catégories pauvres de la population sont plus nombreux qu’en 2021 à indiquer renoncer par manque d’argent à chauffer leur logement
Dans un contexte de hausse des prix de l’énergie, la proportion de Français déclarant renoncer souvent ou de temps en temps à chauffer leur logement (40%) ou à utiliser leur voiture (39%) s’établit à un niveau élevé mais ne progresse pas par rapport à décembre 2021, période précédant le déclenchement de la guerre en Ukraine. Si les mesures de protection mises en place par le gouvernement semblent avoir pour partie porté leurs fruits, les résultats de l’étude montrent que certaines catégories de la population n’ont pas été épargnées. Les Baromètre IFOP/Dons solidaires – Analyse Français appartenant aux catégories « pauvres » – 20% de la population française – sont désormais 61% à indiquer souvent ou de temps renoncer à chauffer leur logement, soit une proportion en hausse par rapport à 2021 (+ 7 points). La précarité énergétique apparait donc comme étant en progression parmi les couches les plus fragilisées de la population française.
Les parents sont plus nombreux qu’en 2021 à craindre de ne pas pouvoir offrir de cadeaux
Cette année encore, les fêtes de noël seront heureusement synonymes de réjouissance pour près des deux tiers des Français (64%), notamment car ces derniers apprécient de pouvoir passer du temps avec leur famille (62%) et aussi car ils aiment la magie de noël (40%). Mais pour autant, les festivités de fin d’année sont aussi synonymes d’inquiétudes (30%) ou de tristesse (28%) pour une part substantielle de la population. Les résultats de l’enquête montrent que c’est parmi les catégories « pauvres » (46%) et les familles monoparentales (45%) que l’inquiétude est la plus marquée. Probablement car cette inquiétude est directement liée à la crainte de ne pas pouvoir offrir de cadeaux et que ces publics doivent composer avec une marge de manœuvre budgétaire beaucoup plus réduite. De fait, la crainte de ne pas pouvoir offrir de cadeaux constitue le principal motif d’inquiétude évoqué par les Français (34%) et cette peur progresse par rapport à 2021 (+ 4 points) et plus encore pour les parents d’enfants (44% ; + 8 points). Alors que l’inflation sur les denrées alimentaires atteint parfois deux chiffres, la crainte de ne pas pouvoir servir un bon repas est aussi en progression par rapport à l’année dernière (+ 4 points pour les Français, + 5 points pour les parents). La peur de ne pas pouvoir offrir de cadeaux est alimentée par le sentiment que le prix des jouets est en augmentation. Sentiment qui est désormais partagé par 86% des parents, soit une proportion en hausse par rapport à 2021 (+ 11 points).
Un budget en berne par rapport à 2021 pour plus d’un parent sur deux
Dans ce contexte, plus d’un parent sur deux prévoit un budget cadeaux en baisse par rapport à 2021 (51%, + 4 points) et ils ne sont désormais plus que 41% à indiquer qu’ils vont pouvoir acheter ce qu’ils veulent (- 7 points en un an). Les résultats de l’étude montrent que pour pouvoir gâter leurs enfants, les parents vont devoir se livrer à des arbitrages et faire évoluer leurs pratiques de consommation. En témoigne l’importante progression de l’achat de cadeaux d’occasion qui est désormais envisagé par près d’un parent sur deux (49%, + 11 points en un an). Les parents sont aussi plus nombreux qu’en 2021 à envisager de compter sur une aide familiale (18%, + 6 points).
Les parents envisagent plus largement d’acheter des cadeaux « utiles » tels que des vêtements
Autre tendance mise en lumière par l’étude, si les parents privilégient toujours les cadeaux qui font « plaisir » (68%), ils devraient être plus nombreux cette année à se tourner vers des cadeaux « utiles » tels que des vêtements (32%, + 13 points en un an). Ils prévoient aussi de se serrer la ceinture sur d’autres dépenses et Le budget sorties constitue la principale variable d’ajustement (49%). Viennent ensuite les dépenses dévolues aux vacances (29%). Les parents prévoient aussi plus largement qu’en 2021 de rogner sur les dépenses cadeaux des autres proches (20%, + 8 points).
Les résultats de l’étude montrent que si la précarité énergétique n’a pas progressé au sein de l’ensemble de la population française, elle s’est en revanche diffusée dans les strates les plus fragilisées de la société, telles que les « catégories pauvres ». Alors qu’ils doivent faire face à de nombreuses dépenses contraintes, les parents d’enfants sont plus nombreux à craindre de ne pas réussir à boucler le mois. Dans ce contexte, ces derniers sont plus nombreux qu’en 2021 à redouter de ne pas pouvoir offrir de cadeaux. Recours accru aux jouets de « seconde main », appel plus fréquent à la solidarité familiale, achat prioritaire de cadeaux « utiles » tels que des vêtements, les familles devraient rivaliser d’ingéniosité pour pouvoir quand même gâter leurs enfants. Le mois de décembre donnera aussi lieu à des arbitrages sur les dépenses avec une réduction du budget « sorties » ou encore de celui alloué à d’autres proches…