En partenariat avec l’APF France handicap, l’ifop a réalisé une enquête auprès d’un échantillon de 1002 personnes, représentatif de la population française. Voici ce qui en ressort :
Les Français ont une connaissance limitée du handicap qu’ils associent avant tout au handicap moteur
Afin d’appréhender les représentations des Français à l’égard du handicap, nous leur avons demandé de citer les mots qu’ils associaient à cette notion. L’analyse des résultats montre un champ évocatoire dominé par les représentations négatives et notamment l’univers de la difficulté. Le handicap est également associé aux problèmes de motricité avec des termes comme mobilité (9%) ou encore fauteuil roulant (9%).
Signe d’une méconnaissance de la diversité des handicaps, les Français indiquent que lorsqu’ils pensent à une personne en situation de handicap, ils pensent à une personne en fauteuil roulant (72%), loin devant une personne avec un handicap mental (12%), visuel (8%) ou auditif (2%). Relevons en revanche, qu’une meilleure connaissance de la diversité du handicap semble exister au sein des jeunes générations : « seulement » 63% des moins de 25 ans citent le handicap moteur contre 77% des 65 ans et plus.
Dans la mesure où ils associent très largement le handicap aux problèmes de motricité, les difficultés perçues comme rencontrées par les personnes sont d’abord les problèmes d’accessibilité physique (65%). A l’inverse, certains problèmes tels que l’accessibilité numérique sont beaucoup moins évoquées (13%).
Trois quart des Français estiment que la société française ne s’adapte pas suffisamment aux besoins des personnes en situation de handicap
Si les Français associent largement le handicap aux difficultés, c’est aussi car ils estiment majoritairement que la société française ne s’adapte pas suffisamment aux besoins des personnes concernées (74%). Une opinion qui est plus largement partagée par les personnes handicapées elles-mêmes (85%). Plus globalement, 62% des Français estiment que la société traite négativement les personnes en situation de handicap, notamment avec injustice (18%), avec pitié (16%), avec mépris (11%), avec indignité (6%), avec indécence (6%) ou avec dureté (5%). Relevons néanmoins que 22% des Français estiment que les personnes handicapées sont traitées avec bienveillance
Le handicap est jugé comme n’étant pas suffisamment représenté à la télévision
Près des ¾ des Français estiment que le handicap n’est pas suffisamment représenté à la télévision (72% dont 18% « pas du tout »). Un constat partagé quel que soit le genre, l’âge, la catégorie socio-professionnelle, la région d’habitation ou encore la proximité au handicap. Mais dans les faits, une proportion assez significative de sondés indiquent avoir vu une personne handicapée dans au moins un programme à la télévision (75%). Possible conséquence, des spots de promotion des jeux olympiques et paralympiques, c’est un contenu lié au parasport qui est cité en premier (46%), suivi par une fiction (31%), un documentaire (23%), au journal télévisé (21%), une émission de divertissement (18%) ou un autre programme (5%).
Si une proportion significative de Français a donc vu une personne handicapée à la télévision au cours des 12 derniers mois, trop souvent l’image véhiculée n’était pas neutre avec notamment un personnage héroïque ou surmontant des défis (45%) et dans seulement un tiers des cas (32%), une image neutre. Une observation d’image héroïque plus répandue encore lorsque le sondé a observé une personne handicapée dans un programme sportif (49%). A l’inverse, les personnes ayant vues une fiction évoquent davantage une image neutre (37%), peut-être car une partie des œuvres de fiction parviennent justement à mettre en scène des personnages plus en phase avec la réalité.
Si le handicap n’est pas jugé comme étant suffisamment représenté à la télévision, les Français sont en revanche convaincus que ce média peut faire changer le regard sur le handicap (79%).
Les Français croient dans le pouvoir des jeux paralympiques pour changer le regard sur le handicap mais estiment qu’ils sont sous-médiatisés par rapport aux jeux olympiques
Aux yeux des Français, les jeux paralympiques permettent de donner une image plus positive des personnes en situation de handicap (96% dont 52% « tout à fait d’accord »), de remettre en cause les stéréotypes associés aux personnes handicapées (86%) ou encore de pousser les personnes handicapées à pratiquer un sport (92%). Pour autant, cette compétition sportive est très largement jugée sous-médiatisée (65%). 71% des Français estiment que les jeux paralympiques sont relégués à un statut d’infériorité par rapport aux jeux olympiques. Conséquence, 43% de ceux qui envisagent de regarder la compétition à la télévision expliquent vouloir le faire parce qu’ils pensent que ces jeux sont représentés médiatiquement et méritent plus d’attention.
Les résultats de l’enquête montrent que le niveau de connaissance des Français à l’égard du handicap est limité et souvent réducteur. La diversité du handicap (avec une majorité de handicaps invisibles) est méconnue, notamment parmi les générations les plus âgées. Par ailleurs, les médias, et en particulier la télévision, jouent un rôle ambigu dans la représentation du handicap. Alors que 72% des Français estiment que le handicap est sous-représenté à la télévision, une majorité a néanmoins vu des personnes handicapées dans divers programmes. La représentation de ces personnes oscille entre l’héroïsme et la neutralité, avec une tendance à glorifier les défis surmontés, particulièrement dans le contexte sportif. Cela soulève des questions sur la capacité des médias à refléter la réalité quotidienne des personnes en situation de handicap, au-delà des stéréotypes. Enfin, les jeux paralympiques sont perçus comme un moyen puissant de changer le regard sur le handicap, mais souffrent d’une sous-médiatisation comparée aux jeux olympiques. Les Français reconnaissent l’importance de ces jeux pour remettre en question les stéréotypes et encourager la pratique sportive parmi les personnes handicapées, tout en regrettant leur manque de visibilité.
